New York (awp/afp) - La banque d'affaires Goldman Sachs a renoué en 2020 avec une santé financière insolente, affichant de gros bénéfices malgré la pandémie de Covid-19 qui a mis à genoux l'économie et causé des cortèges de licenciements.

L'établissement a vu son bénéfice net s'envoler de 153% au quatrième trimestre, à 4,4 milliards de dollars.

Sur la même période, son chiffre d'affaires a grimpé de 18% pour atteindre 11,74 milliards de dollars, un record.

L'activité frénétique de Wall Street en 2020 a aidé.

Les revenus tirés du courtage d'actions de matières premières, de devises et d'obligations ont progressé de 23%, grâce en particulier à l'achat et vente de titres d'entreprises en Bourse (+40%).

Entre les turbulences liées à l'élection présidentielle américaine, l'afflux d'informations sur l'arrivée de vaccins contre le Covid-19 et l'espoir d'un nouveau plan de relance aux Etats-Unis, les indices boursiers se sont particulièrement agités entre octobre et décembre et ont fini l'année sur des records à New York.

Ils ont été portés par l'important soutien de la banque centrale américaine (Fed), qui a injecté des milliers de milliards de dollars en 2020 pour s'assurer que la pandémie ne grippe pas les marchés financiers, et par l'afflux d'argent de particuliers et principalement des grosses fortunes n'ayant pas été particulièrement affectés économiquement par la pandémie.

La propagation du virus a pourtant fait grimper le taux de chômage américain, qui a terminé l'année à 6,7% après avoir culminé à 14,8% en avril.

Nombre de petites entreprises ont fait faillite.

Pari maintenu sur la banque universelle

Mais les plus grandes sociétés se sont en général bien tenues. Et à Goldman Sachs, le chiffre d'affaires généré par les activités de banque d'investissement -- quand l'établissement aide les entreprises à lever de l'argent sur les marchés ou à mener une opération de fusion-acquisition par exemple -- a augmenté de 27%.

"Nous avons pu aider nos clients à s'y retrouver dans un environnement difficile et, par conséquent, nous avons obtenu de solides résultats sur l'ensemble de nos activités", a commenté le PDG de Goldman Sachs, David Solomon.

JPMorgan Chase avait aussi fait part vendredi dernier de résultats solides grâce à la bonne santé de sa division de banque d'affaires et d'investissement, dont le bénéfice a bondi de 82%.

Les banques plus exposées aux particuliers et petites entreprises ont dévoilé des résultats plus contrastés.

Bank of America, qui dévoilait aussi sa performance mardi, a ainsi vu son bénéfice net reculer de 23% au quatrième trimestre, à 5,21 milliards de dollars, avec un chiffre d'affaires en baisse de 10%.

Les revenus tirés de la banque de détail ont notamment reculé de 13% en raison de la baisse des taux d'intérêt décidée par la Réserve fédérale pour soutenir l'économie. Ce soutien monétaire a aussi pour conséquence de réduire l'argent que les banques gagnent sur les remboursements des prêts accordés à leurs clients.

Les utilisateurs des cartes de crédit de Bank of America se sont aussi montrés soucieux de limiter leurs dépenses.

Ces tendances n'ont pas dissuadé Goldman Sachs de poursuivre son expansion du côté des particuliers et des petites entreprises.

La firme américaine a en effet annoncé début 2020 son intention de devenir une banque plus universelle avec des services accessibles à tous, et non plus seulement aux riches clients et sociétés.

En s'appuyant sur sa banque de détail lancée en 2016, Marcus, la firme américaine a lancé de nouvelles offres de cartes de crédit et de prêts en 2020.

Le groupe a bien l'intention de poursuivre dans cette direction, a affirmé son PDG lors d'une conférence téléphonique mardi.

Goldman Sachs prévoit entre autres de lancer la plateforme Marcus Invest aux Etats-Unis au premier trimestre puis au Royaume-Uni d'ici la fin de l'année, qui permettra à tous d'utiliser l'expertise de la firme avec seulement 1.000 dollars d'investissement.

Le groupe prévoit aussi de proposer un service de compte courant en ligne "dans l'année" via un partenariat avec la start-up Marqeta annoncé la semaine dernière.

afp/rp