par Grant McCool et Basil Katz

Rajaratnam a fait savoir par ses avocats qu'il ferait appel du verdict rendu par les jurés du tribunal fédéral de Manhattan. Sa peine sera connue le 29 juillet à l'issue d'une nouvelle audience. Jugé coupable de fraudes sur les transactions d'actions et de conspiration, il encourt un minimum de 15 ans et demi de prison.

Après douze jours de délibérations, les jurés ont suivi l'accusation, selon laquelle le fondateur de Galleon s'était constitué un réseau d'informateurs haut placés dans des sociétés comme la firme de consulting McKinsey & Co ou encore Intel et jusqu'à un ancien administrateur de la banque Goldman Sachs.

Ses contacts lui donnaient accès à des informations confidentielles dont il faisait bénéficier son fonds spéculatif. Les procureurs parlent d'un gain total de 63,8 millions de dollars obtenu par ces moyens illégaux entre 2003 et mars 2009.

Rajaratnam, qui est âgé de 53 ans, n'a guère montré ses émotions lors des deux mois qu'a duré son procès. Mercredi, il est resté impassible à la lecture du verdict.

"C'est un verdict historique, un verdict remarquable", a commenté pour sa part Bill Singer, avocat d'affaires de la firme Gusrae, Kaplan, Bruno & Nusbaum. "Cela va certainement planter le décor d'un changement spectaculaire non seulement dans la manière dont les affaires de délit d'initiés à Wall Street sont traitées mais aussi dans l'attitude des hommes et des sociétés qui interviennent sur les marchés", a-t-il ajouté.

Dans un communiqué, le procureur fédéral de New York, Preet Bharara, prévient que ses services "continueron(t) de poursuivre et de traduire en justice ceux qui se considèrent à la fois au-dessus des lois et trop habiles pour se faire prendre".

100 MILLIONS DE DOLLARS DE CAUTION

Le procès du fondateur de Galleon a eu un retentissement spectaculaire dans les médias et auprès de l'opinion. Il faut sans doute remonter au scandale des "junk bonds" (obligations pourries) des années 1980 impliquant Michael Milken et Ivan Boesky pour trouver trace d'une affaire de délit d'initiés aussi suivie.

Dans l'attente de sa peine, Rajaratnam a été remis en liberté en échange d'une caution de 100 millions de dollars. Il est également assigné à résidence dans son appartement de Manhattan et devra porter un bracelet électronique.

Aux dizaines de journalistes se pressant à l'extérieur du tribunal, son avocat, John Dowd, a annoncé que son client continuerait de se battre et ferait appel du verdict de culpabilité.

"Nous sommes partis sur 37 chefs d'inculpation, nous en sommes à 14, je dirai donc que le score est actuellement de 23-14 en faveur de la défense. Nous nous reverrons devant le Second Circuit", a-t-il dit, référence à l'instance d'appel de la justice fédérale à New York.

Les avocats du financier affirment que ses investissements étaient le fruit d'intenses recherches et d'un examen minutieux de documents publics, et non de confidences transmises hors cadre légal par des initiés.

Ils entendent obtenir en appel l'annulation pour vice de procédure des écoutes téléphoniques sur lesquelles s'est fondée l'accusation.

Sur une de ces écoutes, réalisée en 2008, on entend Rajaratnam discuter d'informations concernant la banque Goldman Sachs avant qu'elle publie les premiers résultats trimestriels négatifs de son histoire. "Je viens d'apprendre de quelqu'un qui siège au conseil de Goldman Sachs qu'ils vont perdre deux dollars par action (...) Donc, ce qu'il m'a dit, c'est que, heu, Goldman, les trimestriels sont assez mauvais."

Rajaratnam n'est pas le seul visé dans l'affaire Galleon, qui a débouché au total sur l'inculpation de 26 personnes pour des charges diverses. Vingt-deux ont plaidé coupable, un accusé est en fuite.

Henri-Pierre André pour le service français, édité par Nicolas Delame