New York (awp/afp) - Une filiale de Goldman Sachs a plaidé coupable jeudi pour son rôle controversé dans le vaste scandale de corruption du fonds souverain 1MDB, une première dans l'histoire de la prestigieuse firme, qui va également payer près de 3 milliards de dollars pour clore les enquêtes américaines.

La division malaisienne de l'établissement a admis sa culpabilité, devant une juge new-yorkaise, pour avoir enfreint la loi américaine sur les pratiques de corruption à l'étranger (FCPA).

C'est la première fois qu'une division liée à Goldman Sachs, dont le rôle dans la crise financière de 2008 lui a valu critiques et invectives, admet des malversations dans une enquête des autorités depuis son entrée en Bourse en mai 1999.

Des milliards de dollars avaient été détournés de 1MDB, un fonds souverain censé contribuer au développement économique de la Malaisie, pour acheter entre autres des biens immobiliers, un yacht et des produits de luxe.

L'argent a par exemple servi à financer en partie le film de Martin Scorsese "Le Loup de Wall Street", avec à l'affiche l'acteur oscarisé Leonardo DiCaprio.

Bonus réclamés

Goldman Sachs est accusée d'avoir participé au scandale en organisant des émissions d'obligations d'un montant total de 6,5 milliards de dollars en 2012 et 2013. Elle avait perçu quelque 600 millions de dollars pour ce rôle d'intermédiaire.

Sa filiale a reconnu avoir, entre 2009 et 2014, participé à un stratagème ayant conduit au versement de plus de 1,6 milliard de dollars en pots-de-vin à des dirigeants en Malaisie et à Abou Dhabi pour être retenue comme banque conseil.

Outre sa réputation, l'ardoise est lourde pour l'établissement dans cette affaire politico-financière aux ramifications planétaires: il a accepté, pour le moment, de verser près de 6 milliards de dollars au total à différentes autorités à travers le monde pour solder les enquêtes.

La banque a également décidé de réclamer au total 174 millions de dollars de rémunération, dont des bonus, à des dirigeants, anciens et actuels, dont le PDG David Solomon et son prédécesseur Lloyd Blankfein.

"Il ne fait pas de doutes que certains ex-employés ont enfreint la loi" a souligné M. Solomon.

Si la pénalité financière infligée jeudi par les autorités américaines est lourde, elle permet à Goldman Sachs, qui a admis avoir ignoré des signaux d'alerte, de tourner la page de cette affaire judiciaire et de se concentrer sur ses activités.

Sous surveillance

En plaidant coupable, la filiale asiatique de Goldman Sachs verra son champ d'activités limité ou ne pourra plus en exercer certaines.

La maison mère ne sera, elle, pas poursuivie en justice par les autorités américaines mais s'engage à renforcer ses contrôles et procédures internes pendant trois ans et demi pour éviter une répétition des faits dénoncés.

Cela n'empêche pas pour autant des parties s'estimant lésées -- les investisseurs ou des particuliers -- de poursuivre la firme new-yorkaise.

Le montant versé par la banque aux Etats-Unis correspond à une amende de 2,3 milliards de dollars et au remboursement d'un peu plus de 600 millions de dollars de commissions récoltées par l'établissement financier.

Une partie de cet argent, 1,6 milliard de dollars, sera utilisée pour payer des amendes aux autorités d'autres pays ainsi qu'à d'autres agences gouvernementales aux Etats-Unis.

Goldman Sachs a déjà versé le mois dernier à la Malaisie 2,5 milliards de dollars dans le cadre d'un accord à l'amiable qui doit solder l'enquête dans le pays. Elle a aussi garanti qu'au moins 1,4 milliard de fonds détournés du fonds 1MDB seraient récupérés.

L'autorité de régulation financière de Hong Kong a de son côté annoncé jeudi avoir infligé une amende de 2,71 milliards de dollars hongkongais (350 millions de dollars) à la banque d'affaires.

Côté politique, l'ex-Premier ministre malaisien Najib Razak, dont la coalition a perdu les élections en 2018 en grande partie à cause de la colère des électeurs choqués par ce scandale, a été condamné à 12 ans de prison dans un premier procès tenu à l'été. Il est en liberté conditionnelle en attendant un procès en appel.

Un ancien banquier de Goldman Sachs, Tim Leissner, a plaidé coupable aux Etats-Unis pour son rôle dans cette affaire. Et un ancien manager malaisien de la banque, Ng Chong Hwa, est aussi poursuivi aux Etats-Unis.

afp/rp