New York (awp/afp) - Wall Street baissait vendredi après des chiffres très décevants sur l'emploi américain en essayant de tirer des conclusions sur les conséquences sur la politique monétaire américaine: le Dow Jones perdait 0,18% et le Nasdaq 0,63%.

Vers 16H00 GMT, l'indice vedette Dow Jones Industrial Average cédait 31,33 points à 17.807,23 points et le Nasdaq, à dominante technologique, 31,47 points à 4.939,89 points. L'indice élargi S&P 500 reculait de 7,57 points, soit 0,36%, à 2.097,69 points.

"On a pris connaissance de chiffres affreux sur l'emploi", a résumé Peter Cardillo de First Standard Financial.

Selon les chiffres du département du Travail, les créations d'emplois se sont révélés très faibles et décevantes le mois dernier aux Etats-Unis, à seulement 38.000, même si le taux de chômage a reculé à son plus bas niveau en presque neuf ans.

A Wall Street, "la réaction initiale a été très négative, mais je ne serais pas surpris de voir la Bourse réduire ses pertes", a toutefois relativisé M. Cardillo. "Je ne suis pas sûr que (les chiffres de l'emploi) représentent une vraie tendance. A mon avis, c'est une variation exceptionnelle."

De plus, ces chiffres provoquent "d'autres phénomènes qui sont en fait favorables à la Bourse, comme une chute du dollar", a-t-il remarqué.

Le billet vert, dont la force a tendance à inquiéter multinationales et exportateurs américains, dévissait non seulement parce que les chiffres de l'emploi inquiétaient sur l'économie américaine, mais aussi parce qu'ils semblent, de l'avis générale, exclure l'idée d'une hausse des taux par la Réserve fédérale (Fed) dès juin.

Sa "réponse va être la même que d'habitude: attendre", ont expliqué dans une note les experts de Pantheon Macro.

Or, si l'attentisme de la banque centrale américaine est mauvais pour le dollar, il est plutôt réconfortant pour les investisseurs, bien qu'à plus long terme, certains analystes se refusent à évacuer l'idée d'un nouveau resserrement monétaire avant la fin de l'été.

Les chiffres de vendredi "ne permettent peut-être pas d'exclure juillet", a écrit Steven Ricchiuto de Mizuho Securities, citant lui aussi la baisse du taux de chômage ainsi qu'une nouvelle hausse des salaires.

"De plus, ils ont mis leur crédibilité en jeu à force d'évoquer largement une hausse des taux", a-t-il conclu, en référence au fait que de multiples responsables de la Fed, en premier lieu sa présidente Janet Yellen, agitaient depuis fin mai l'idée d'un resserrement rapide.

- Gap monte -

Parmi les valeurs, le secteur bancaire, à qui profiterait une hausse des taux, pâtissait particulièrement des chiffres de l'emploi et des espoirs douchés de hausse des taux: Goldman Sachs perdait 2,32% à 155,59 dollars, Morgan Stanley 3,01% à 26,46 dollars et Citi 3,87% à 45,15 dollars.

La chaîne de magasins de vêtements Gap gagnait 4,42% à 19,14 dollars après avoir annoncé une baisse, certes importante mais moins marquée que prévu, de ses ventes en mai.

Le fabricant de semi-conducteurs Broadcom prenait 6,08% à 164,33 dollars après avoir annoncé un doublement de ses ventes au dernier trimestre, et fait état de prévisions jugées optimistes.

Egalement dans le secteur, Ambarella (systèmes de compression de vidéo), dont les bénéfices trimestriels ont dépassé les attentes malgré une chute, bondissait de 8,43% à 46,06 dollars.

Le groupe internet Yahoo, sur lequel continuent à régner les spéculations quant à son avenir, reculait de 1,10% à 36,74 dollars après un article du New York Post évoquant des discussions avec le réseau social Twitter, en baisse de 0,26% à 15,16 dollars, sur une éventuelle fusion.

Le producteur énergétique Talen s'envolait de 17,00% à 13,97 dollars après avoir annoncé son rachat pour plus de cinq milliards de dollars par le fonds Riverstone, non côté.

Chemours, chimiste né d'une scission du géant DuPont (+0,21% à 68,25 dollars), perdait 5,42% à 8,38 dollars après une note du fonds spéculatif Citron, selon laquelle le groupe a été "volontairement conçu pour faire faillite".

Le marché obligataire avançait nettement, le rendement des bons du Trésor à 10 ans baissant à 1,711%, contre 1,800% jeudi soir, et celui des bons à 30 ans à 2,526%, contre 2,577% précédemment.

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