Paris (awp/afp) - Les marchés boursiers reculaient jeudi, dans le prolongement de la tendance baissière du mois d'août. L'esprit des investisseurs reste embrumé par les mesures de lutte contre l'inflation des banques centrales et le risque de récession.

En Europe, Paris perdait 1,56%, Francfort 1,19%, Milan 1,16% et Londres 1,09% vers 07H30 GMT. En août, Paris et Francfort ont enregistré des pertes d'environ 5%. Quant à la Bourse suisse, elle voyait son indice phare SMI céder vers 10h10 1,25%.

La Bourse de Tokyo a de son côté fini en baisse de 1,53%. En Chine, Shanghai a cédé 0,54% et Hong Kong reculait de 1,74% dans les derniers échanges.

De nouvelles données sont venues confirmer le ralentissement de l'économie chinoise: l'indice d'activité des directeurs d'achat (PMI), calculé par le cabinet IHS Markit pour le groupe de médias Caixin, montre une contraction de l'activité manufacturière en août, en raison des restrictions anti-Covid et d'une canicule qui a entraîné des pénuries d'électricité.

La Bourse de New York a aussi connu un repli mercredi et le S&P 500 est retombé à son plus bas niveau depuis plus d'un mois.

Les investisseurs évitent les prises de risque après que les Banques centrales américaine et européenne ont réaffirmé leur détermination à agir pour lutter contre l'envolée des prix. "La Réserve fédérale (Fed) est tellement déterminée à faire baisser l'inflation qu'elle est prête à accepter un certain ralentissement de l'économie et du marché du travail", résume Ipek Ozkardeskaya, analyste de Swissquote Bank.

La présidente de la Fed de Cleveland Loretta Mester a estimé mercredi "qu'il serait nécessaire de relever les taux directeurs jusqu'à un peu au-dessus de 4% au début de l'année prochaine et de les maintenir à ce niveau", excluant un assouplissement de la part de la Fed en 2023. De l'avis des analystes, l'institution américaine relèvera ses taux directeurs de 75 points de base fin septembre.

La Banque centrale européenne (BCE) pourrait bien faire de même lors de sa réunion du 8 septembre, compte tenu du taux d'inflation qui a encore atteint un record en août dans la zone euro. "Le marché accorde désormais une probabilité de 60% à une hausse de 75 points de base", appuie Ipek Ozkardeskaya.

Sur le marché obligataire, les taux d'intérêt des Etats européens continuaient de monter: celui de la dette allemande à dix ans valait 1,59% vers 07H30 GMT, contre 1,53% à la clôture de mercredi alors qu'il n'était qu'à 1,31% vendredi dernier, avant le symposium des banques centrales de Jackson Hole.

Mais avoir une politique monétaire particulièrement stricte ne sera "pas une mince affaire" pour la BCE, prévient l'analyste de Swissquote. "Les responsables politiques européens ne peuvent pas simplement augmenter les taux alors que le continent est confronté à une crise énergétique qui s'aggrave."

Le contrat européen de référence du gaz naturel, le TTF néerlandais, s'échangeait 237 euros le mégawattheure (MWh) vers 07H30 GMT, loin des records de plus de 300 euros mais largement au-dessus de son niveau d'avant la guerre en Ukraine, autour de 80 euros le MWh.

Le fait que la BCE ait moins de marge de manoeuvre que la Fed pèse sur l'euro, qui perdait 0,28% face au billet vert à 1,0024 dollar.

Jeudi, les opérateurs prendront connaissance d'indices d'activité manufacturière en août en Europe et des inscriptions hebdomadaires au chômage aux Etats-Unis, avant un rapport sur l'emploi américain particulièrement attendu vendredi.

Le luxe boudé

En plus d'un contexte économique morose en Chine, marché sur lequel les entreprises du luxe réalisent une importante partie de leurs bénéfices, les actions du secteur étaient lestées par une note d'HSBC qui a abaissé sa recommandation pour LVMH (-2,92%), Hermès (-2,38%), Richemont (-2,69%) et Swatch (-4,07%), selon l'agence Bloomberg.

Du côté du pétrole, des devises et du bitcoin

Les prix du pétrole se repliaient jeudi, les craintes de récession plombant toujours les cours.

Vers 09h30, le baril de WTI pour livraison octobre se repliait de 0,92% à 88,74 dollars. Celui de Brent du mer du Nord pour livraison en novembre, dont c'est le premier jour de cotation comme contrat de référence, perdait 0,88% à 94,82 dollars.

La livre a atteint un plus bas depuis la pandémie en 2020 face au dollar vers 01H30 GMT, passant sous le seuil des 1,16 dollar.

Le yen s'affaiblissait aussi face au billet vert, la monnaie japonaise est passée très proche des 140 yens pour un dollar, un niveau plus vu depuis 24 ans.

Le bitcoin reculait de 1,30% à 19.930 dollars.

afp/vj