Avec près de 40% de son capital détenu par environ 8000 actionnaires individuels, Thermador Groupe a conforté son statut de valeur sûre lors de la crise sanitaire puisque les résultats du Groupe n’ont cessé de battre des records. Alors que 2022 ne devrait pas déroger à cette tendance, nous avons interrogé le PDG du Groupe sur la dernière diversification en date et les perspectives 2023. 

Guillaume Robin, lors de notre interview de février 2020, vous indiquiez « vouloir consacrer les 2-3 prochaines années à l’intégration » de vos dernières acquisitions. Le Covid n’a pas déjoué vos plans puisque vous venez d’annoncer une acquisition significative…

"Effectivement, la crise sanitaire a été l’occasion d’un certain nombre de désorganisations mais nos équipes ont fait preuve d’une grande capacité d’adaptation et ont même réussi à tirer profit de cette situation chaotique, notamment en accélérant sur la rénovation énergétique. Cela ne nous a pas empêché de poursuivre notre travail d’intégration des sociétés acquises depuis 2017 et de saisir une nouvelle opportunité avec la reprise de 100% du capital de DPI pour un montant de 31 M€ payé en cash assorti d’un complément de 5,16 M€ qui pourrait être versé au début de l’année 2024 si le résultat opérationnel moyen atteignait 3,86 M€ pour les années 2022 et 2023. Direct Plastic Industry est un négociant spécialiste des canalisations plastiques (gaines, tubes, drains, raccords, etc.) pour les réseaux d’eau potable ou usée, l’irrigation, le drainage, les gaz et biogaz, les réseaux télécom et électriques. DPI, dont l’équipe de 18 personnes devrait réaliser 60 M€ de CA en 2022, nous permet d’entrer sur le marché français des travaux publics avec une forte exposition aux marchés très prometteurs des énergies renouvelables et de la gestion de l’eau. Les dirigeants en place restent engagés pour assurer la bonne intégration dans le groupe et la mise en place des synergies tant au niveau des ventes que des approvisionnements en Europe."

Les métiers de Thermador Groupe (source : société)

Les métiers de Thermador Groupe (source : société)

Y a-t-il davantage d’opportunités d’acquisitions en ce moment ? 

"Nous constatons qu’il y a de nouvelles opportunités du côté des entreprises familiales dont le management ressort quelque peu éprouvé par les années chaotiques qui se sont écoulées et dont ils ne voient pas le bout. En revanche, les valorisations ont encore besoin de s’ajuster aux nouvelles conditions de taux et de risque..."

Quels seront vos leviers de croissance ?

"Outre la rénovation énergétique qui est notre axe de croissance externe privilégié en France à court et moyen terme, nous avons un levier en Europe à 5-10 ans sur la robinetterie industrielle. Au-delà de 10 ans, l’Afrique sera certainement un moteur de développement pour nous en excluant à ce jour l’idée d’une acquisition sur ce continent."

La demande est restée forte en 2022 sur les marchés de Thermador. Comment abordez-vous 2023 alors que le pouvoir d’achat sera encore impacté par l’inflation et que la construction neuve est attendue en forte baisse ?

"Avec prudence. Depuis quelques mois déjà nous constatons des baisses de volumes sur certaines gammes de produits historiques et nous sommes rapidement passés d’une problématique de pénurie à une problématique de maîtrise de nos niveaux de stock et de BFR. En 2023, il y aura certes des baisses de volume sur les 10% de notre activité exposée à la construction de logements neufs, mais notre vocation première de vendre des matériels destinés à la maintenance et à la rénovation devrait nous permettre de résister dans un scénario de récession."

Comment voyez-vous évoluer les marges du groupe dans ce contexte ?

"Nos marges opérationnelles ont atteint de très bons niveaux et nous ferons notre possible pour les défendre en passant les hausses de prix d’achat que nous n’avons pas fini de subir. Nous connaissons par ailleurs une inflation des coûts comme l’énergie ou la main d’œuvre. Chaque filiale défendra à la fois son compte de résultat et ses parts de marché."

Caroline Desplats Scotti a rejoint le Groupe il y a quelques mois en tant que directrice du développement durable et membre du comité exécutif. Quels défis et propositions a-t-elle déjà formulés pour Thermador ?

"Il est encore tôt pour le dire. Les chantiers RSE nécessitent un travail de longue haleine, surtout en matière environnementale sachant que notre impact carbone est lié à 95% aux produits que nous vendons. A court terme, nous devons donc convaincre et entraîner nos 790 fournisseurs dans une démarche de progrès plutôt que de discriminer de façon radicale."

Croissance organique par trimestre du Groupe (source : Thermador Groupe)