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PARIS (awp/afp) - XL Airways, Aigle Azur et Thomas Cook: ces défaillances en série seront dans tous les esprits au salon du tourisme IFTM Top Resa qui s'ouvre mardi à Paris, où se retrouveront 34.000 professionnels confrontés aux profondes mutations du secteur.

"Le consommateur est impitoyable, et de nouveaux modes de consommation des vacances se développent sans cesse: grâce à la digitalisation et l'accès à l'information, le monde du voyage s'est ouvert. Et c'est sans compter l'atomisation de l'offre aérienne", résumait il y a quelques jours devant la presse Serge Laurens, directeur général adjoint de TUI France.

Le premier opérateur touristique dans l'Hexagone sera présent sur le salon IFTM Top Resa, grand rendez-vous annuel des professionnels du tourisme qui tient sa 41e édition Porte de Versailles, du 1er au 4 octobre.

Les quelque 34.000 acteurs attendus, croisiéristes, agents de voyage ou représentants de compagnies aériennes et d'offices du tourisme, ne manqueront pas de commenter les trois défaillances retentissantes qui ont secoué le secteur depuis la mi-septembre.

Dans le désordre: fin d'activité pour la compagnie aérienne Aigle Azur aux 1.150 salariés et 1,8 million de passagers ; redressement judiciaire sans repreneur clair pour sa consoeur XL Airways, 570 salariés et 730.000 passagers annuels ; faillite du voyagiste britannique Thomas Cook, 178 ans d'âge, 20.000 employés et... 22 millions de clients à l'année.

Certes, les situations sont différentes: pour les deux compagnies aériennes, "le problème était leur fragilité financière et l'absence de taille critique ne leur permettant pas de survivre à la moindre crise", résume à l'AFP Didier Arino, directeur du cabinet Protourisme.

Mutations profondes

Et pour Thomas Cook, "c'est la fin d'un modèle de tourisme de masse. Il avait notamment raté le virage du numérique, fait des erreurs stratégiques et avait un endettement intenable", juge l'expert du tourisme.

De telles défaillances peuvent paraître paradoxales alors que les gens n'ont jamais autant voyagé dans le monde, mais elles montrent que "le tourisme est fragile, indiscutablement, car il subit de façon extrêmement violente plusieurs mutations profondes à la fois, comme l'industrie du disque l'a vécu", résume Jean-François Rial, PDG de Voyageurs du Monde.

Pour lui, le consommateur "a tué les deux fonctions historiques des opérateurs de voyage, qui étaient d'assembler et de choisir. Aujourd'hui, le client fait de plus en plus de choses tout seul grâce à internet".

Pour survivre, les acteurs du tourisme n'ont d'autre choix que "de proposer des produits à forte valeur ajoutée", souligne M. Rial, également vice-président du syndicat des tour-opérateurs français (Seto).

S'il est primordial de maintenir sa clientèle, il faut aussi trouver les meilleures solutions d'acheminement: "les tour-opérateurs doivent à la fois faire face à la concurrence des low-cost, et en même temps tout faire pour travailler davantage avec elles", explique Olivier Kervella, président du voyagiste NG Travel qui détient les marques Directours, Kappa Clubs et Clubs Coralia.

"Garantie aux consommateurs"

Le cinquième acteur du marché français explique "avoir fait voyager plus de 30% de ses clients sur des compagnies low-cost au cours des douze derniers mois".

M. Kervella indique qu'"il y a à peine cinq ans, nous devions affréter des avions sur la quasi-totalité de nos destinations sur le bassin méditerranéen, alors que depuis cette année, grâce aux low-cost, nous n'affrétons des vols que sur deux de ces destinations. Cette stratégie nous permet de limiter nos risques et d'améliorer notre rentabilité", met-il en avant.

Reste à savoir si cette série noire va miner la confiance des clients, notamment ceux ayant acheté un vol sec et qui ont très peu de chances d'être remboursés en cas de faillite d'une compagnie aérienne.

Pour l'expert Didier Arino, "ces défaillances vont générer la défiance des consommateurs européens, qui réserveront de plus en plus en dernière minute pour éviter les mauvaises surprises de faillites".

Mais il estime que "cette crise est aussi une opportunité pour les agences de voyages de mettre en avant l'atout de la garantie aux consommateurs, à la différence d'agences en ligne basées hors d'Europe qui ne garantissent rien".

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