New York (awp/afp) - La major musicale Warner Music Group, l'une des trois grandes maisons de disques mondiales, a fait un retour en fanfare à Wall Street mercredi, après neuf ans d'absence, son titre s'envolant de plus de 20% dès sa première séance.

Coté sur le Nasdaq sous le symbole WMG, le titre a fini au-dessus des 30 dollars alors que son prix d'introduction avait été fixé à 25 dollars par action.

En annonçant en début de journée mettre en vente 77 millions de titres, l'entreprise avait cherché à lever plus de 1,9 milliard de dollars, ce qui représentait la plus grosse introduction en Bourse depuis janvier.

Au prix de clôture de mercredi, la valeur totale de l'entreprise en Bourse est de 15,4 milliards dollars selon le cabinet spécialisé Factset.

Le prix d'introduction devait être fixé mardi soir mais, selon plusieurs médias américains, l'entreprise avait préféré retarder l'annonce en raison du mouvement "Blackout", en soutien aux centaines de milliers de manifestants qui depuis une semaine dénoncent les violence policières racistes aux Etats-Unis.

La fourchette de prix initiale était comprise entre 23 et 26 dollars par action, et 70 millions d'actions avaient initialement été proposées.

Le fonds Access Industries du milliardaire russo-américain Len Blavatnik, qui avait racheté la maison de disques en 2011 pour 3,3 milliards de dollars, va empocher l'argent et conservera sa participation majoritaire.

Warner avait reporté son introduction en Bourse en raison de la pandémie de Covid-19.

Le virus a gravement touché l'industrie de la musique, en particulier les spectacles. Un rapport de la banque Goldman Sachs prévoit une baisse de 25% des revenus mondiaux mais est plus optimiste pour 2021.

Warner fait partie des trois grands qui dominent le marché mondial de la musique, aux côtés des Américains Sony Music Entertainment et Universal Music.

Son catalogue compte, parmi des centaines d'artistes, Ed Sheeran, Cardi B, Christine and the Queens, mais aussi Eric Clapton, Gorillaz, Missy Elliott ou encore Phil Collins, ou les anciens albums de Madonna, par exemple, qui a changé de maison de disques.

La major possède et exploite certains des labels les plus connus, notamment Atlantic Records, Elektra Records, Warner Records et Parlophone. Elle possède également le principal éditeur de musique du monde, Warner Chappell Music.

Cette introduction en Bourse arrive, par ailleurs, au lendemain de la suspension par les principales maisons de disques de leur activité, mardi, pour manifester leur soutien contre les violences policières visant les Afro-Américains aux Etats-Unis.

Vague du streaming

L'histoire de la maison de disque est étroitement liée au cinéma, puisque le magnat du film Jack Warner, patron des studios Warner Bros. qui faisait peur à ses employés mais avait la réputation d'avoir un instinct infaillible, a fondé la Music Publishers Holding Company en 1929 pour produire à moindre coût la musique de ses films.

En 1957, lorsque l'acteur Tab Hunter rencontre un succès musical avec "Young Love", le studio décide de créer une branche musicale officielle: Warner Bros. Records.

Dans les années qui suivent, la société rachète Reprise Records, label fondé par Frank Sinatra, puis Atlantic Records, connue pour ses enregistrements soul emblématiques d'Aretha Franklin et d'Otis Redding.

Elle entraîne the Doors et the Eagles dans son giron, puis the Pretenders, the Ramones, the Talking Heads et Madonna chez sa filiale Sire Records, et signe avec Prince.

Mais les controverses se multiplient dans les années 90, entre un désaccord avec Prince sur la liberté artistique et la propriété, et l'indignation suscitée par la chanson "Cop Killer" ("Tueur de flic") du groupe Body Count, mené par Ice-T, largement dénoncée, y compris par le président de l'époque George Bush.

Les luttes de pouvoir internes ont également provoqué des départs importants au sein de la direction, des bouleversements qui ont conduit à des désaccords, avec notamment un procès de la part du groupe Metallica.

L'éclatement de la bulle internet et un scandale de fixation des prix des CD ont conduit Time Warner à céder Warner Music Group en 2004 à un groupe d'investisseurs pour 2,6 milliards de dollars.

La compagnie surfe aujourd'hui sur la vague du streaming, source de revenus importante pour les maisons de disques et éditeurs.

Le chiffre d'affaires réalisé par Warner Music avec le streaming en avril a bondi de 12%, à la faveur du confinement.

Pour son exercice 2018-2019, clos le 30 septembre, Warner Music Group a réalisé un chiffre d'affaires de 4,5 milliards de dollars (+12%) et a dégagé un bénéfice net de 258 millions(-17%).

afp/rp