TOKYO, 25 juillet (Reuters) - Une élection partielle dimanche au Japon va permettre d'évaluer le degré d'adhésion de la population à la politique énergétique nucléaire du Premier ministre Yoshihiko Noda seize mois après la catastrophe de Fukushima.

Le scrutin doit désigner le gouverneur de la préfecture de Yamaguchi, un bastion conservateur dans l'ouest du Japon.

Un des candidats en lice, Tetsunari Iida, a axé sa campagne sur le développement des énergies renouvelables et sur une sortie complète du nucléaire d'ici 2020. Sa victoire, ou même une solide performance dans les urnes, accentuerait les ennuis de Noda.

Le chef du gouvernement éprouve déjà des difficultés à maintenir la cohésion de son Parti démocrate (PDJ), dont plusieurs cadres ont fait défection pour protester contre sa décision de relancer plusieurs réacteurs nucléaires.

La politique énergétique a mobilisé le 16 juillet dernier quelque 100.000 personnes qui ont manifesté dans les rues de Tokyo pour dénoncer le redémarrage de réacteurs.

"Si la préfecture de Yamaguchi va à l'encontre du 'village nucléaire' (ndlr, les partisans de l'atome) et vote pour un candidat écologiste, cela apportera certainement beaucoup de vent dans les voiles du mouvement antinucléaire", estime l'universitaire Jeffrey Kingston.

L'élection partielle pourrait aussi influencer l'arbitrage que Noda doit rendre le mois prochain sur le "bouquet énergétique" du Japon. Trois scénarios ont été proposés par les experts: sortir purement et simplement du nucléaire dès que possible, réduire la part de l'atome à 15% de la production d'électricité d'ici 2030, ou la réduire à 20-25% dans le même délai.

Avant Fukushima, le nucléaire représentait près de 30% du "mix énergétique" japonais.

Hiroshi Takahashi, chercheur à l'institut de recherche Fujitsu et membre de la commission gouvernementale d'experts sur l'énergie, prédit lui que le gouvernement tranchera pour réduire la part nucléaire à 10%. Noda, estime-t-il, "doit montrer qu'il accepte un certain compromis".

Une victoire de Tetsunari Iida donnerait du crédit à son anticipation.

Le principal rival d'Iida, Shigetaru Yamamoto, ancien fonctionnaire du ministère des Transports, est soutenu par le Parti libéral démocrate (PLD, droite). Le PDJ n'a pas investi formellement de candidat, mais un de ses anciens députés, Tsutomu Takamura, brigue le poste de gouverneur de la préfecture de Yamaguchi. (Linda Sieg; Henri-Pierre André pour le service français)

Valeurs citées dans l'article : Kansai Elec. Power, Tokyo Elec. Power