Tokyo (awp/afp) - Le pugnace fonds activiste américain Elliott, terreur des conseils d'administration du monde entier, a confirmé vendredi à l'AFP être devenu un actionnaire "significatif" de Toshiba, accentuant encore un peu plus la pression sur le conglomérat japonais, actuellement en crise existentielle.

Elliott est devenu un investisseur "significatif" de Toshiba, a déclaré une porte-parole du fonds activiste dans un courriel transmis à l'AFP, confirmant des informations de presse. Selon le Financial Times, cette part serait toutefois inférieure à 5% du capital du groupe.

"Notre investissement reflète notre forte conviction dans la valeur fondamentale" de Toshiba, a ajouté la porte-parole du fonds: une façon polie de dire que le groupe japonais n'est pas assez performant en Bourse au goût d'Elliott.

Cette analyse est partagée depuis longtemps par les autres actionnaires activistes de Toshiba, également échaudés par les manoeuvres très douteuses du groupe pour influencer les votes de ses actionnaires lors de son assemblée générale de 2020.

Après un long bras de fer, les actionnaires ont renversé la direction de Toshiba cette année, obtenant le départ du directeur général en avril puis du président en juin, et sont désormais beaucoup plus influents sur la stratégie future du conglomérat.

Refusant de commenter spécifiquement l'arrivée d'Elliott, un porte-parole de Toshiba a rappelé vendredi à l'AFP que le groupe avait toujours pour objectif à l'heure actuelle de dévoiler "en octobre" les conclusions d'un vaste examen stratégique qu'il a entamé au printemps, sous la pression de ses actionnaires.

Plusieurs options sont sur la table, comme de nouvelles cessions d'actifs jusqu'à un rachat total du groupe par un fonds d'investissement.

Mais ce dernier scénario apparaît compliqué, tant Toshiba est d'une importance majeure au Japon, sur le plan stratégique du fait de ses activités dans des secteurs sensibles (défense, nucléaire, cryptographie quantique) comme sur un plan symbolique, en tant qu'ancien fleuron industriel nippon qui est toujours une grande marque d'électronique grand public dans l'archipel.

La donne est encore un peu plus compliquée par l'avenir incertain de Kioxia, ancienne unité de puces-mémoires de Toshiba, qui en a conservé 40% du capital.

Rachetée en 2018 pour 18 milliards de dollars par un consortium d'investisseurs menés par l'américain Bain Capital, Kioxia envisage de s'introduire prochainement à la Bourse de Tokyo mais serait courtisée en parallèle par l'américain Western Digital notamment, selon la presse.

afp/al