Tokyo (awp/afp) - La gouvernance de Toshiba est "inefficace", a critiqué jeudi le premier actionnaire du groupe japonais, Effissimo, jugeant aussi sa réaction insuffisante après la publication la semaine dernière d'un rapport indépendant sur ses manoeuvres pour influencer les votes à son AG ordinaire en 2020.

Cette enquête réalisée par trois cabinets d'avocats a confirmé que Toshiba avait tenté de faire pression sur certains de ses actionnaires, dont sur le fonds singapourien Effissimo, avec l'appui de cadres du ministère de l'Economie, du Commerce et de l'Industrie (Meti).

Toshiba a réagi en retirant notamment les candidatures de deux membres de son conseil d'administration pour leur réélection lors de sa prochaine assemblée générale ordinaire le 25 juin.

Tout en s'excusant auprès de ses actionnaires, le groupe a surtout jeté la pierre à son ancien directeur général, Nobuaki Kurumatani, qui a pris la porte en avril. De son côté, le Meti s'est contenté de renvoyer la balle à Toshiba.

La réaction du groupe "ne fait qu'ajouter à la liste des défauts de gouvernance et de conformité de Toshiba que son conseil d'administration persiste à ne pas résoudre", a dénoncé Effissimo dans un communiqué.

"Par conséquent, nous jugeons que le conseil d'administration actuel est inefficace", a ajouté Effissimo, qui détient près de 10% de Toshiba, un groupe présent aussi bien dans les nouvelles technologies que dans la défense et le nucléaire.

Ce verdict sans appel devrait encore jeter de l'huile sur le feu avant la prochaine assemblée générale ordinaire de Toshiba le 25 juin. Avant Effissimo, d'autres actionnaires du groupe et des cabinets de conseil en vote sont aussi montés au créneau.

Cette nouvelle affaire Toshiba fait suite à des scandales à répétition ayant affecté le groupe depuis 2015, quand il avait révélé avoir embelli ses comptes de résultats des années durant. Toshiba avait pourtant affirmé avoir amélioré sa gouvernance depuis, en se dotant notamment d'une majorité d'administrateurs externes à l'entreprise.

Le rapport ayant jeté une lumière crue sur ses mauvaises pratiques persistantes et sa connivence avec le Meti a aussi rouvert le débat sur le fait de savoir si Toshiba était le canard boiteux de la "Japan Inc." ou seulement la partie visible de l'iceberg.

Akira Kiyota, le patron de l'opérateur de la Bourse de Tokyo Japan Exchange Group, s'est d'ailleurs dit mercredi inquiet que cette nouvelle affaire n'endommage la réputation du marché d'actions japonais auprès des investisseurs étrangers.

afp/rp