Tokyo (awp/afp) - Le conglomérat japonais Toshiba envisagerait de se scinder en trois entités afin de mettre en place différentes stratégies de croissance et structures de revenus pour accroître sa valeur, a rapporté lundi le quotidien Nikkei.

Les trois entreprises, qui pourraient voir le jour dès 2023, seraient spécialisées respectivement dans les systèmes d'infrastructures, les appareils électroniques et le stockage de données (puces-mémoires) et pourraient toutes être introduites en bourse dans deux ans environ, écrit encore le journal économique, sans citer de sources.

"Nous travaillons sur un plan stratégique à moyen terme pour améliorer notre valeur d'entreprise et séparer nos activités est l'une des options possibles, mais rien n'est décidé à ce stade", a déclaré mardi un porte-parole de Toshiba à l'AFP.

"Si nous prenons une décision qui doit être rendue publique, nous le ferons rapidement", a-t-il ajouté.

Le nippon doit annoncer ses résultats trimestriels et communiquer son plan à moyen terme vendredi.

Scinder l'entreprise pourrait permettre d'accroître la valeur de marché de chacune de ses activités, explique Hideki Yasuda, analyste du Ace Research Institute.

"Ainsi les fonctionnements des systèmes d'infrastructures et des semi-conducteurs sont totalement différents en termes de calendrier et du moment où ils génèrent des retours sur investissement. Les conglomérats (comme Toshiba) voient donc souvent leur valeur de marché sous-évaluée", a-t-il ajouté.

Le revers de la médaille de la scission est "qu'une activité ne peut plus couvrir les pertes d'une autre", a encore estimé M. Yasuda.

Ancien fleuron industriel et technologique japonais, Toshiba a enchaîné scandales et déboires financiers depuis 2015, et connaît cette année une profonde crise de gouvernance.

Après un bras de fer avec les actionnaires, le directeur général du groupe Nobuaki Kurumatani a pris la porte en avril, puis le président du conseil d'administration Osamu Nagayama en juin.

Un rapport externe publié en juin a révélé comment certains dirigeants de Toshiba avaient manoeuvré avec le ministre de l'Economie, du Commerce et de l'Industrie (Meti) pour intimider des actionnaires activistes en amont de l'assemblée générale ordinaire du groupe en 2020.

Toshiba a également été secoué en début d'année par une offre préliminaire de rachat par le fonds CVC Capital Partners, depuis tombée au point mort.

Le groupe est revenu dans le vert sur l'exercice 2020/21 clos le 31 mars, avec un bénéfice net annuel de 114 milliards de yens (920 millions de francs suisses). Il a confirmé en août sa prévision d'un bénéfice net de 110 milliards de yens pour 2021/22, et d'un bénéfice opérationnel de 160 milliards de yens (+4% sur un an).

Après avoir progressé mardi dans la matinée à la Bourse de Tokyo, le titre Toshiba perdait 0,82% à 4934 yens vers 02H30 GMT.

afp/buc