TOKYO (Reuters) - Le fonds 3D Investment Partners, deuxième actionnaire de Toshiba, a invité le conglomérat japonais à lancer un examen stratégique et à solliciter explicitement d'éventuels acquéreurs, estimant que ces derniers sont découragés par les commentaires selon lesquels la direction souhaite maintenir le groupe coté en Bourse.

La prise de position de 3D Investment Partners, qui détient une participation de 7,2% dans Toshiba, intervient alors que l'annonce début avril d'une offre de la société de capital-investissement CVC Capital Partners sur le conglomérat japonais a suscité des spéculations en vue d'une bataille entre plusieurs prétendants.

Toshiba a déclaré la semaine dernière ne pas être intéressé par l'offre de CVC Capital, évoquant un manque de précisions dans la lettre d'intention de la société de capital-investissement.

Selon une source, l'offre de CVC Capital Partners valorise Toshiba à près de 2.300 milliards de yens (21 milliards de dollars ou 17,7 milliards d'euros).

D'après des sources, CVC Capital n'a pas pour autant jeté l'éponge et d'autres investisseurs envisagent également de faire une offre sur le conglomérat.

"Nous appelons le conseil à accueillir ouvertement l'intérêt des prétendants qui pourraient améliorer la valeur de l'entreprise et à demander au conseil de procéder à un examen formel des alternatives stratégiques", écrit le fonds 3D dans une lettre, rendue publique lundi, adressée au conseil de Toshiba.

"Pour mener un processus juste et approprié, Toshiba devrait explicitement indiquer qu'il est ouvert à des structures de rachat alternatives et corriger les informations des médias selon lesquelles l'équipe de direction et le conseil d'administration de Toshiba ont une forte préférence pour garder la société cotée", ajoute 3D.

Selon Toshiba, le fait de rester coté en Bourse permet au conglomérat industriel de disposer d'une "structure de capital appropriée pour améliorer la création de valeur à long terme". Le groupe s'est cependant dit ouvert à diverses propositions, y compris un éventuel retrait de la Bourse.

Sollicité pour un commentaire sur la proposition de 3D, Toshiba a réitéré lundi les propos déjà formulés.

PLUSIEURS PRÉTENDANTS INTÉRESSÉS

Le fonds spéculatif américain Farallon Capital Management, troisième actionnaire de Toshiba avec une participation d'environ 6%, a également appelé ce mois-ci le conglomérat japonais à solliciter des offres auprès d'éventuels prétendants.

Le fonds singapourien Effissimo Capital Management, premier actionnaire de Toshiba avec une participation d'environ 10%, n'a fait aucun commentaire depuis que l'offre de CVC a été rendue publique.

Des sources ont rapporté à Reuters que le géant du capital-investissement KKR et le canadien Brookfield Asse Management souhaitaient également formuler une offre à Toshiba.

Un cadre d'une des principales banques créancières de Toshiba a indiqué que plusieurs fonds de capital-investissement avaient contacté son établissement pour un éventuel financement mais il a ajouté qu'aucune négociation n'était en cours.

Toshiba subit la pression d'actionnaires pour améliorer sa gouvernance.

Mi-avril, le directeur général Nobuaki Kurumatani a démissionné de ses fonctions alors qu'il était sous le feu des critiques après l'offre formulée par CVC, son précédent employeur, et pour ses relations délicates avec une partie des actionnaires de Toshiba.

Le géant japonais de la technologie s'efforce de regagner la confiance des investisseurs depuis 2015, année où fut dévoilé un scandale comptable retentissant. Le conglomérat avait alors dû admettre l'existence d'énormes dépassements de budget chez sa filiale nucléaire américaine Westinghouse, qui a fait faillite en 2017.

A la Bourse de Tokyo, l'action Toshiba a fini lundi en hausse de 1,25% contre un gain de 0,17% pour l'indice Topix.

(Makiko Yamazaki; avec YukiNitta à Tokyo et Scott Murdoch à Hong Kong; version française Claude Chendjou, édité par Blandine Hénault)

par Makiko Yamazaki