Tokyo (awp/afp) - La proposition d'un actionnaire activiste de Toshiba de diligenter une enquête indépendante sur les circonstances douteuses de la dernière assemblée générale ordinaire du groupe japonais a été approuvée jeudi lors d'une AG extraordinaire, un humiliant revers pour la direction.

Les assemblées générales extraordinaires sont par définition rares, et le vote de résolutions rebelles au Japon l'est encore davantage.

Le fonds singapourien Effissimo, premier actionnaire de Toshiba avec 9,9% de son capital, conteste la validité de la dernière AG ordinaire du groupe le 31 juillet 2020 car plus d'un millier de voix n'avaient pas été dûment prises en compte.

Toshiba faisait valoir que ces voix omises ne représentaient que 1,3% des droits de vote et que leur prise en compte n'aurait par conséquent rien changé sur l'issue de l'AG.

Mais Effissimo accuse aussi Toshiba d'avoir "fait pression" sur certains actionnaires pour orienter leurs votes en sa faveur lors de cette AG.

Le groupe japonais conteste cette allégation mais avait refusé initialement de lancer une enquête externe.

Toshiba avait fini par convoquer une assemblée générale extraordinaire pour que ses actionnaires tranchent, tout en recommandant de voter contre la proposition d'Effissimo, laquelle n'avait besoin que d'une majorité simple pour être adoptée.

Effissimo avait fait valoir ces dernières semaines qu'un rejet de sa proposition créerait un "dangereux précédent non seulement pour Toshiba mais aussi pour le monde japonais des affaires dans son ensemble".

Le succès de sa résolution "démontre l'engagement fort des actionnaires à protéger leur droit le plus fondamental, celui de voter", a réagi jeudi Effissimo dans un communiqué.

La victoire du fonds activiste risque de sérieusement fragiliser la position du directeur général de Toshiba, Nobuaki Kurumatani, selon les observateurs.

Cet ancien banquier est arrivé en 2018 aux commandes de Toshiba, groupe emblématique japonais mais dont la réputation avait été sévèrement entachée par un énorme scandale de maquillage de ses comptes pendant des années, révélé en 2015.

Le conglomérat industriel s'était par la suite efforcé d'améliorer sa gouvernance. Il a aussi connu de grandes difficultés financières après la débâcle de sa filiale américaine d'équipements nucléaires Westinghouse, qui avait fait faillite en 2017.

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