TechnipFMC chute de 18,2% à 9,23 euros tandis que Total décroche de 12,4% à 32,54 euros dans le sillage du pétrole. Vers 11h, le cours du baril de Brent cède 19,3% à 36,53 dollars, le cours du WTI américain plonge de 21,6% à 32,26 dollars. L'or noir n'avait pas vécu un tel décrochage depuis la première guerre du Golfe, en 1991. Ce mouvement de panique est lié à la décision de l'Arabie saoudite de vendre son pétrole en solde et d'augmenter de manière significative sa production.

Le royaume wahhabite a déclenché une terrible guerre des prix après le choix de la Russie, son "partenaire' au sein de l'"Opep +", de ne pas réduire sa production afin de soutenir un marché pétrolier déstabilisé par la chute de la demande asiatique liée au coronavirus.

Cette décision inattendue témoigne de la volonté du Kremlin de faire plier les producteurs américains de pétrole de schiste. Les Etats-Unis sont en effet devenus grâce aux hydrocarbures non conventionnels le premier producteur mondial avec plus de 12 millions de barils par jour.

Mais ce pétrole est plus complexe à produire et donc plus couteux. En faisant chuter les prix, la Russie espère ralentir fortement cette concurrence, voire provoquer la faillite d'une industrie pétrolière américaine très endettée.

Selon Morgan Stanley, la chute de la production américaine ne sera toutefois pas assez rapide dans les semaines et les mois à venir pour rééquilibrer le marché. Aussi, le cours du WTI pourrait s’établir à 35 dollars au deuxième trimestre avant de remonter vers les 45 dollars au second semestre.

Dans une note publiée ce matin, Goldman Sachs souligne que l'industrie pétrolière se retrouve précipitée dans la période 2014-2015. Pour autant, la situation n'est pas comparable, tempère le broker. Les majors pétrolières ont des bilans plus solides. Surtout, elles ont abaissé significativement leur seuil de rentabilité, c'est-à-dire le prix du pétrole au niveau duquel elles couvrent leurs investissements et leurs dividendes.

D'après le bureau d'études, le secteur devrait annoncer dès le mois prochain de significatives révisions à la baisse de leurs prévisions de résultats et le cours de Bourse des majors risquent d'en pâtir. Pour Goldman Sachs, la valorisation du secteur va devenir très attractive.

Berenberg observe de son côté que le prix du Brent reste 38% au-dessus de son creux de 2016. Les compagnies peuvent réduire leurs investissements et s'endetter pour financer leurs dividendes. Dans ce cadre, le courtier ne s'attend pas à une coupe des dividendes cette année mais juste à une pause des rachats d'actions.


Valeurs citées dans l'article : Total, Vallourec, CGG