PARIS (Reuters) - La CGT, la FSU, Solidaires et les syndicats étudiants Unef et Fidl ont entamé ce jeudi une vaste journée de mobilisation à travers la France pour réclamer des augmentations des salaires, entraînant de fortes perturbations dans le secteur énergétique et dans les écoles.

La grève était particulièrement suivie dans le secteur nucléaire où l'on a observé une baisse de la production d'énergie de 3,3 gigawatts (GW) en matinée et de 610 Megawatts (MW) pour l'hydroélectricité, ce qui représentait 8,5% de la production totale d'énergie jeudi matin, selon des données recueillies par Reuters. Près de cinq réacteurs ont été concernés par les débrayages.

Il s'agit, après la traditionnelle journée de manifestation du 1er-Mai, du premier test de la rue pour Emmanuel Macron depuis sa réélection en avril dernier.

Cette journée s'inscrit dans un climat social potentiellement éruptif en raison d'une forte inflation et de la volonté du gouvernement d'avancer rapidement sur la réforme des retraites, malgré une levée de boucliers générale des syndicats et un accueil mitigé de la part des fédérations patronales.

Des grèves ont commencé mercredi dans le secteur de la pétrochimie, qui ont conduit TotalEnergies à suspendre la production de sa raffinerie de Gonfreville, en Seine-Maritime.

Les écoles devraient être particulièrement touchées par le mouvement. Le taux de participation dans le primaire devrait avoisiner les 20% sur le territoire national, estime le SNUipp-FSU, 40% à Paris et 48% en Seine-Saint-Denis.

Près de 10% des écoles primaires devraient être totalement fermées dans la capitale.

Selon les syndicats d'enseignants, les annonces de revalorisations présentées dans le projet de loi budgétaire pour l'an prochain n'ont pas satisfait la profession. Les syndicats les jugent insuffisantes et craignent qu'elles ne concernent qu'une partie des enseignants.

Dans les transports, des perturbations de faible ampleur sont attendues sur le réseau francilien par les opérateurs.

Un train sur deux devrait circuler sur le RER B, trois sur quatre pour le RER B. Le trafic sera normal sur les RER A et E et dans le métro. Deux bus sur trois circuleront en moyenne.

La SNCF prévoit également des perturbations sur le réseau régional TER avec six trains sur dix en moyenne et sur son réseau Intercités avec un train sur deux. Le trafic devrait en revanche être quasi normal ou légèrement perturbé pour les TGV et Ouigo.

Le thème du salaire a déjà suscité de vives tensions dans les entreprises du privé et la fonction publique fin 2021 et début 2022, pendant la période des négociations annuelles.

"Pour nous c'est le début d'un mouvement. On fera en sorte qu'il y ait de la continuité", a dit jeudi matin sur France 2 le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, qui a assuré que la journée était "déjà un succès".

Des appels au débrayage ont également été lancés dans le secteur de la chimie et de la pharmacie, a déclaré la Fnic-CGT (Fédération nationale des industries chimiques-CGT) dans un communiqué.

(Rédigé par Caroline Pailliez, avec Tangi Salaün et Forrest Crellin, édité par Nicolas Delame et Kate Entringer)