PARIS (Reuters) - La tension est montée d'un cran ce week-end en France, dans la rue comme dans les expressions politiques, à l'approche de l'examen lundi des motions de censure déposées après le recours par le gouvernement à l'article 49.3 de la Constitution pour faire adopter sans vote la réforme des retraites.

Des affrontements avec la police ont eu lieu à Paris samedi pour la troisième nuit consécutive alors que des milliers de personnes ont défilé dans le reste de la France. Selon la préfecture de police, citée par BFM TV, 112 personnes ont été interpellées, un chiffre en nette hausse par rapport aux nuits précédentes.

Dans la nuit de samedi à dimanche, la permanence du président des Républicains Eric Ciotti a par ailleurs été vandalisée, a-t-il annoncé sur Twitter.

Sur la façade, le slogan "La motion ou le pavé" a été tracé.

"Les nervis qui ont fait ça veulent par la violence faire pression sur mon vote lundi", a dit Eric Ciotti sur Twitter, ajoutant qu'il ne céderait pas à la terreur.

Interrogé sur l'issue possible des votes de lundi à l'Assemblée nationale, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a répondu dans le Parisien: "Je pense qu'il n'y aura pas de majorité pour faire tomber le gouvernement. Mais ce sera un moment de vérité."

"La réforme des retraites vaut-elle, oui ou non, la chute du gouvernement et le désordre politique ? La réponse est clairement non", a-t-il ajouté.

Pour Manuel Bompard, coordinateur de la France insoumise, le recours au 49.3 est au contraire "le signe d'une fin de règne".

"Je ne me cache pas, ce gouvernement mène une politique qui, à mon avis, n'est pas légitime, n'est pas majoritaire dans la population", a-t-il dit sur Europe Un. "Quand je dépose avec mes collègues une motion de censure, c'est pour faire tomber cette réforme mais c'est aussi pour faire tomber ce gouvernement."

La semaine qui vient sera aussi marquée par une nouvelle neuvième journée de grève et de manifestations à l'appel de l'intersyndicale, jeudi, et par la poursuite du mouvement dans les raffineries avec, à la clé, la question d'un impact éventuel sur l'approvisionnement des stations-service.

Un porte-parole de TotalEnergies a dit à Reuters que 34% des effectifs opérationnels des raffineries et dépôts du groupe en France étaient en grève dimanche matin.