PARIS, 19 mars (Reuters) - La tension est montée d'un
cran ce week-end en France, dans la rue comme dans les
expressions politiques, à l'approche de l'examen lundi des
motions de censure déposées après le recours par le gouvernement
à l'article 49.3 de la Constitution pour faire adopter sans vote
la réforme des retraites.
Des affrontements avec la police ont eu lieu à Paris samedi
pour la troisième nuit consécutive alors que des milliers de
personnes ont défilé dans le reste de la France. Selon la
préfecture de police, citée par BFM TV, 112 personnes ont été
interpellées, un chiffre en nette hausse par rapport aux nuits
précédentes.
Dans la nuit de samedi à dimanche, la permanence du
président des Républicains Eric Ciotti a par ailleurs été
vandalisée, a-t-il annoncé sur Twitter.
Sur la façade, le slogan "La motion ou le pavé" a été tracé.
"Les nervis qui ont fait ça veulent par la violence faire
pression sur mon vote lundi", a dit Eric Ciotti sur Twitter,
ajoutant qu'il ne céderait pas à la terreur.
Interrogé sur l'issue possible des votes de lundi à
l'Assemblée nationale, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire
a répondu dans le Parisien: "Je pense qu'il n'y aura pas de
majorité pour faire tomber le gouvernement. Mais ce sera un
moment de vérité."
"La réforme des retraites vaut-elle, oui ou non, la chute du
gouvernement et le désordre politique ? La réponse est
clairement non", a-t-il ajouté.
Pour Manuel Bompard, coordinateur de la France insoumise,
le recours au 49.3 est au contraire "le signe d'une fin de
règne".
"Je ne me cache pas, ce gouvernement mène une politique
qui, à mon avis, n'est pas légitime, n'est pas majoritaire dans
la population", a-t-il dit sur Europe Un. "Quand je dépose avec
mes collègues une motion de censure, c'est pour faire tomber
cette réforme mais c'est aussi pour faire tomber ce
gouvernement."
La semaine qui vient sera aussi marquée par une nouvelle
neuvième journée de grève et de manifestations à l'appel de
l'intersyndicale, jeudi, et par la poursuite du mouvement dans
les raffineries avec, à la clé, la question d'un impact éventuel
sur l'approvisionnement des stations-service.
Un porte-parole de TotalEnergies a dit à Reuters que 34% des
effectifs opérationnels des raffineries et dépôts du groupe en
France étaient en grève dimanche matin.
(Gilles Guillaume et Dominique Vidalon, avec Forrest Crellin)