par Benjamin Mallet

Le troisième groupe pétrolier européen en termes de capitalisation boursière (derrière Royal Dutch et BP) a fait état dans le même temps d'une baisse de 5% de sa production d'hydrocarbures sur la période en raison notamment de "problèmes accrus de sécurité au Nigeria et d'incidents techniques en Libye et mer du Nord".

"Total a la solidité financière et les marges de flexibilité qui lui permettraient, dans le cas d'une dégradation prolongée de l'environnement, de poursuivre son développement, encadré par des critères de décision stricts, et de maintenir une croissance compétitive de son dividende", a-t-il ajouté.

La société a également signalé que la mise en oeuvre de son programme d'investissement annuel de 19 milliards de dollars se poursuivait "conformément aux prévisions".

Patrick de la Chevardière, le directeur financier, a déclaré lors d'une conférence téléphonique avec les analystes qu'il n'y avait pas pour l'instant "de risques significatifs que les projets de long terme (du groupe) soient retardés" mais a prévenu que Total reporterait certains investissements si cela s'avérait nécessaire.

Total a réaffirmé "sa vision d'un prix du brut élevé à moyen et long termes, soutenu par une demande contrainte par l'offre". "A plus court terme, l'OPEP et les incertitudes pesant sur un certain nombre de pays producteurs devraient ajuster l'offre en fonction de l'affaiblissement de la demande."

Vers 15h55, le titre Total se replie de 3,64% à 42,88 euros pendant que le CAC 40 perd 2,34%. Oddo Securities a évoqué des résultats "excellents" mais David Thomas, analyste chez Citigroup, a estimé dans une note que la publication n'avait "rien d'exceptionnel". "(La chute de la production de brut et de gaz) pourrait une nouvelle fois décevoir les investisseurs", a-t-il ajouté.

Hors exceptionnels, le bénéfice net s'est élevé à 4,070 milliards d'euros au 3e trimestre, soit plus que les 3,855 milliards attendus par les analystes interrogés par Reuters.

SITUATION "EXTREMEMENT DIFFICILE" AU NIGERIA

En incluant l'effet de stock après impôt négatif de 752 millions d'euros, et d'autres éléments non récurrents comme des charges de restructuration, le bénéfice net atteint 3,050 milliards d'euros.

Là où ses rivaux BP ou Royal Dutch Shell ont respectivement annoncé au troisième trimestre une hausse et une baisse de leur production, Total a enregistré un repli de 5% à 2.231 millions de barils équivalent pétrole par jour, un chiffre inférieur aux anticipations des analystes (2.248 Mbep/j).

Evoquant les questions de sécurité au Nigeria, Patrick de la Chevardière a déclaré : "La situation est extrêmement difficile (...), nous ne prévoyons pas de reprise importante (de la production) en 2009."

Le résultat opérationnel ajusté des secteurs a progressé de 40%, à 8.083 millions d'euros, sur un chiffre d'affaires de 48,849 milliards, en hausse de 24%.

Exprimés en dollars, le résultat net part du groupe du troisième trimestre a augmenté de 7%, le résultat opérationnel de 53% et les ventes de 36%.

Le flux de trésorerie d'exploitation exprimé en dollars a progressé de 126% au 3e trimestre et le ratio dette nette sur fonds propres a été ramené à 15% au 30 septembre 2008 contre 25% au 30 juin et 24% un an plus tôt.

La progression de la performance opérationnelle est à mettre au crédit des activités du groupe dans l'aval, l'indicateur des marges européennes de raffinage TRCV ayant atteint 45 dollars par tonne en moyenne sur le trimestre, en hausse de 88%.

Les activités amont (exploration-production) ont pour leur part profité de la hausse de 54% du cours du baril sur un an, à 115,1 dollars en moyenne au 3e trimestre, tandis que les marges pétrochimiques "se sont rétablies en dépit de la baisse de la demande, bénéficiant de la baisse des prix du naphta sur le trimestre", a également souligné Total.

Le groupe n'a mentionné aucune perspective de production dans son communiqué. Il avait indiqué qu'il tablait sur une hausse annuelle moyenne de sa production sur la période 2006-2010 plus proche de 3% que des 4% envisagés précédemment.

Evoquant la fin 2008, Total a souligné que le prix du Brent était descendu aux alentours de 60 dollars par baril depuis le début du 4e trimestre. "Les marges de raffinage européennes, bien qu'en baisse significative par rapport au plus haut atteint en septembre, sont proches du niveau moyen du 3e trimestre."

Cinq "actifs majeurs" du groupe devraient en production en 2009, dont Akpo au Nigeria, Yemen LNG et Qatargas II.

Patrick de la Chevardière a en outre indiqué que Total souhaitait vendre la totalité des actions Sanofi Aventis qu'il détient encore d'ici à la fin 2012.

Avec la contribution de Tom Bergin, édité par Jean-Michel Bélot