En 2020, TotalEnergies lançait Mozambique LNG, le plus gros investissement énergétique jamais réalisé en Afrique. Mais l’insécurité locale, marquée par des violences dans la province de Cabo Delgado, la multinationale française est contrainte d’activer une clause de force majeure dès 2021 pour suspendre ses activités. En 2024, il était question d’une relance avec un objectif de production initialement fixé à 2029, le projet subit de nouveaux retards à la suite d’une montée des tensions politiques et sociales dans le pays.

Le plan de force majeure : un projet en suspens depuis 2021

Mozambique LNG vise à exploiter les vastes gisements de gaz découverts en 2010 dans le bassin du Rovuma. En 2021, alors que les travaux progressaient, la bataille de Palma éclate à proximité du site d’Afungi. Face à cette escalade de violences, TotalEnergies décide de suspendre ses activités en activant une clause de force majeure prévue contractuellement.

En début 2024, la société annonce vouloir relancer le projet. Entre-temps, TotalEnergies a consolidé sa présence locale en devenant l’un des principaux distributeurs de carburant dans le pays. Pourtant, malgré des efforts et une coopération militaire entre le Mozambique et le Rwanda pour sécuriser la région, les progrès restent fragiles. Selon Daniel Ribeiro, de l’ONG Justiça Ambiental, la présence même de TotalEnergies dans cette région "met les gens en danger", faisant de ce projet une cible stratégique pour les rebelles.

Une impasse encore aujourd’hui

En janvier 2025, le Financial Times rapporte que le projet Mozambique LNG est à nouveau suspendu en raison d’un regain de violences après les élections présidentielles du 9 octobre 2024. L’investiture du nouveau président, Daniel Chapo, a eu lieu dans un climat tendu, marqué par trois mois de troubles, des pillages, et la répression de manifestations ayant fait plus de 300 morts selon des sources locales.

TotalEnergies a déclaré au Financial Times que "la priorité est de rétablir la paix et la sécurité dans le Cabo Delgado et de lever la force majeure". La multinationale souligne que la reprise du projet dépend du retour à une "vie normale" et de la restauration des infrastructures publiques.

L’avenir de Mozambique LNG reste suspendu à la capacité du nouveau gouvernement mozambicain à stabiliser la région. Ce projet, qui représente l’un des investissements privés les plus importants en Afrique, pourrait voir sa production repoussée de plusieurs années encore. En attendant, TotalEnergies reste confrontée à une situation délicate. Avec 20 milliards de dollars déjà investis et des retours sur investissement repoussés bien au-delà de 2029, le projet symbolise les défis croissants auxquels font face les entreprises énergétiques dans des zones politiquement instables.