Depuis son rebranding, une question revient régulièrement : TotalEnergies est-elle réellement engagée dans les énergies renouvelables ou pratique-t-elle le greenwashing ? La réponse n’est pas simple. Bien que 10% de son chiffre d’affaires provient des énergies renouvelables, les investissements alloués à ce secteur sont jugés insuffisants par les comptempeurs du groupe pétrolier, au premier rang desquels les groupes de pression environnementaux. 

Ce sentiment pourrait se renforcer avec la récente élection de Donald Trump aux États-Unis. Tandis que le républicain scande “drill, baby, drill”, TotalEnergies annonce la suspension d’un projet d’éoliennes offshore sur le continent nord-américain. Selon Patrick Pouyanné, PDG de la firme, cette décision est directement liée aux résultats des élections présidentielles. Ce projet est porté par la coentreprise Attentive Energy, détenu à 56% par TotalEnergies, tandis que ses partenaires Corio Generation et Rise Light & Power possèdent respectivement 27,7% et 16,3% des parts.

Dans un même temps, l’entreprise suspend également ses investissements dans Adani Green, dont elle possède 19,8% du capital. Patrick Pouyanné précise que cette suspension n’est pas un abandon, mais qu’aucun financement ne sera débloqué tant que la lumière ne sera pas faite sur l’affaire de corruption qui oppose Gautam Adani aux États-Unis. TotalEnergies a également affirmé ne pas avoir été informée de l’enquête américaine visant l’entreprise du milliardaire indien.

Direction Wall Street : TotalEnergies en quête d’une plus grande crédibilité internationale

Alors que ses engagements dans les énergies renouvelables semblent vaciller, TotalEnergies explore une nouvelle zone dans les eaux profondes du bassin d’Orange, en Afrique du Sud, où elle prévoit de forer jusqu’à sept puits. Une étude menée par SLR Consulting est en cours pour évaluer les impacts environnementaux. Ce projet, toutefois, fait face à une vive opposition de militants écologistes, qui ont déjà entravé plusieurs initiatives similaires dans la région.

Ces décisions stratégiques interviennent alors que TotalEnergies envisage de se coter à Wall Street, un choix qui vise à attirer de nouveaux investisseurs et à renforcer sa crédibilité sur la scène internationale. En s’alignant sur les attentes des marchés américains, l’entreprise espère affirmer son rôle de leader énergétique global, mais ce positionnement soulève des interrogations : peut-elle réellement concilier ambition financière et transition écologique ?

Les deux rivales européennes de TotalEnergies, Shell et BP PLC, ont elles aussi revu à la baisse leurs ambitions en matière de transition énergétique. Ce recul s’inscrit dans un contexte géopolitique tendu, où la crainte d’une crise énergétique pousse les pays à sécuriser leurs réserves de pétrole. Pourtant, il est clair que certains acteurs avancent plus rapidement que d'autres dans la transition énergétique. Shell, malgré ses revirements, reste souvent citée en exemple pour ses efforts face aux deux autres majors européennes.