Discours de Patrick Pouyanné

Assemblée générale du 28 mai 2021

Mesdames, Messieurs,

Chers actionnaires

Bonjour,

J'espère que vous êtes nombreux à suivre cette Assemblée Générale en direct sur notre site internet.

J'aurais bien sûr préféré, vous l'imaginez bien, que nous ayons pu nous retrouver dans un même lieu pour partager ensemble ce moment fort de l'année, mais la priorité donnée, à juste titre, à la préservation de la santé de chacun nous a conduits, une nouvelle fois, à tenir cette assemblée à distance.

Nous l'avons toutefois organisée de façon à vous donner la parole avec une plate-forme ouverte depuis lundi qui a recueilli plus de 500 questions de votre part et ainsi préserver autant que faire se peut le dialogue entre les actionnaires et la société, dialogue qui nous tient d'autant plus à cœur que cette assemblée est particulièrement importante cette année.

Je pense même pouvoir la qualifier d'«historique » - car elle marque notre volonté collective d'inventer un nouveau Total, une compagnie multi-énergies, acteur majeur de la transition énergétique, dont la stratégie va s'ancrer dans son nom même, celui de votre société, TotalEnergies, en un seul mot avec deux lettres capitales, le T de Total et le E de Énergies et au pluriel avec un S, et aussi, et vous allez la découvrir aujourd'hui, une nouvelle image liée à ce nouveau nom.

En effet, au-delà de vous présenter les réalisations de l'année 2020 dans le contexte exceptionnel de la pandémie et de ses conséquences économiques, je m'attacherai à décrire comment cette année 2020 a été une année charnière pour Total avec la décision de votre Conseil de transformer Total en une compagnie multi-énergies dont la raison d'être est de relever le double défi : satisfaire les besoins en énergie d'une

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population mondiale plus nombreuse et aspirant légitimement à un meilleur niveau de vie, tout en limitant le réchauffement climatique.

Ceci suppose de réinventer l'énergie, réinventer la façon dont nous produisons l'énergie, mais aussi la façon dont nous consommons l'énergie pour atteindre la neutralité carbone en 2050, ensemble avec la société.

Total a les moyens, la taille, et s'appuie surtout sur les compétences de ses 100 000 collaborateurs pour pleinement jouer son rôle dans la révolution énergétique en cours. Une révolution en effet, car il s'agit de changer d'échelle. Car si collectivement nous faisons le choix de la neutralité carbone pour notre planète à horizon 2050, la mobilisation de tous est nécessaire.

Mais, en premier lieu, comme il est de tradition dans une Assemblée générale, je voudrais revenir sur l'année 2020 et ses résultats, qui ont démontré une nouvelle fois la résilience et les très solides fondamentaux de Total.

Cette année a été marquée par une crise sanitaire majeure, et 2021 l'est encore. Elle a bouleversé nos modes de vie et de travail, a ébranlé les économies du monde entier et nous a projetés dans une situation que personne n'avait imaginée.

Notre première responsabilité est d'en minimiser autant que possible les impacts pour nos collaborateurs, nos clients, nos fournisseurs et nos actionnaires. Ainsi, au-delà de la protection de nos collaborateurs, partout dans le monde, qui fut notre première priorité, nous avons veillé

  • assurer la continuité de nos activités pour servir nos clients en leur fournissant des produits énergétiques vitaux et à maintenir nos relations avec nos partenaires.

Je suis très fier du travail sans relâche de nos équipes qui sont parvenues à maintenir l'ensemble de nos opérations partout dans le monde que ce soient sur nos plates-formes, nos usines de production ou dans nos réseaux de distribution.

Malgré la crise et la nécessité de réduire nos dépenses pour faire face à l'effondrement du cours du pétrole et du gaz, nous avons décidé de nous

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faire confiance en nous-mêmes, de faire face par nous-mêmes à cette crise, sans peser sur les finances publiques puisque nous n'avons pas eu recours aux aides des Etats.

Nous avons aussi décidé de préserver l'emploi en choisissant de ne pas engager de plans de licenciements contrairement à tous nos principaux concurrents du secteur pétrolier. Nous avons au contraire fait le choix délibéré d'une mobilisation de l'ensemble de nos collaborateurs sur l'enjeu majeur de la transition énergétique.

J'avais eu l'occasion de vous présenter l'an dernier lors de notre assemblée générale de fin mai, le plan d'action que nous avions engagé dès mars 2020, qui visait à réduire nos dépenses et certains investissements, tout en préservant l'avenir et la croissance de TOTAL et cela dans le contexte à la fois de crise liée à la pandémie et de crise des prix du pétrole et du gaz : un prix du pétrole tombé à un niveau inférieur à 20 $/b au cours du deuxième trimestre et des marges de raffinage également à un niveau historiquement bas, et qui sont toujours d'actualité.

Dans ce contexte particulièrement difficile, grâce à de très bons fondamentaux - un bilan solide, notre portefeuille profondément remodelé depuis 2015 pour favoriser les actifs offrant des points morts inférieurs à 30 $ du baril, des coûts de production les plus bas de l'industrie à 5 $ du baril, et un modèle intégré entre production, transformation et distribution d'énergies - votre Groupe a prouvé sa résilience avec une génération de cash-flow de près de 18 milliards de dollars en 2020. La production s'est élevée à 2,9 millions de barils équivalents par jour, en baisse de 5 % par rapport à l'année précédente du fait du respect des quotas de production décidés par les pays de l'OPEP+. Et je dois vous dire que nous étions presque contents de baisser cette production compte tenu de l'impact positif de ces décisions de l'OPEP+ sur la remontée des prix des hydrocarbures.

Le résultat net, ajusté des éléments exceptionnels, s'est établi, certes en fort retrait par rapport à 2019, à 4,1 milliards de dollars, mais a résisté grâce notamment au plan d'action mis en œuvre résolument. Le point mort, c'est-à-dire le niveau du prix du pétrole qui nous permet de financer nos investissements organiques, s'est établi à 26 $ du baril en 2020.

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En cohérence avec notre ambition climat sur laquelle je vais revenir, nous avons procédé à des dépréciations exceptionnelles d'actifs pour un montant global de plus de 10 milliards de dollars, ce qui a conduit à un résultat net comptable en perte de 7,2 milliards de dollars. Ces dépréciations ont été le résultat d'une revue du portefeuille des actifs pétroliers et gaziers qui avaient des réserves longues au-delà de 2050 et des coûts de production élevés. Elles ont essentiellement concerné les sables bitumineux canadiens, secteur dans lequel le Groupe a décidé de ne plus investir dans aucun nouveau projet.

Mais le résultat comptable qui en est résulté ne doit pas masquer les bonnes performances opérationnelles et la réalité des fondamentaux économiques de votre Groupe qui sont solides. Comme vient d'ailleurs de le démontrer, le premier trimestre 2021 avec un fort rebond du résultat net ajusté à 3 milliards de dollars sur un seul trimestre, car le Groupe tire pleinement parti de prix du pétrole et du gaz en hausse et de sa stratégie de croissance dans le GNL et les Renouvelables et l'Electricité.

Les perspectives s'améliorent donc avec un résultat au premier trimestre 2021 supérieur à celui du premier trimestre 2019 notamment grâce au plan d'action mis en œuvre en 2020, mais aussi aux résultats du secteur GNL/Renouvelables/Electricité qui a atteint, pour la première fois de son histoire, un résultat opérationnel net ajusté de 1 milliard de dollars.

Nous sortons donc de cette crise avec un ratio d'endettement qui est revenu sous la barre des 20 % dès la fin du premier trimestre et un point mort sous les 25 dollars du baril.

Chers actionnaires, vous aurez aussi observé également, j'en suis sûr, que la traversée de la crise ne nous a pas conduits à vous proposer de réduire le dividende. Cette décision a été mûrement réfléchie, et le Conseil d'administration a décidé de le maintenir contrairement à ce qu'ont fait nos principaux concurrents européens.

Le maintien du dividende, c'est surtout de la part de votre Conseil un acte très fort de confiance. Confiance dans les fondamentaux de votre Société, qui lui ont permis de ne pas prendre de décision hâtive, mais de procéder à un pilotage fin trimestre après trimestre, lié à la remontée progressive des prix des hydrocarbures. Car nous sommes convaincus au niveau du Conseil qu'une entreprise de matières premières comme

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Total doit être capable, si elle est bien gérée, de traverser des périodes de très forte volatilité sans changer de cap, sans que le dividende ne suive la volatilité des prix.

Puis confiance en vous, nos actionnaires, car au moment où votre Groupe décide de s'engager dans une transformation stratégique, il est essentiel, aux yeux de votre Conseil, de conserver votre confiance.

Confiance que justifie le rendement élevé de votre action, 6-7 %, je dirai même trop élevé, mais votre Conseil espère que la transformation que nous engageons conduira à une revalorisation du cours de l'action - tout en maintenant notre engagement historique puisque je rappelle que le dividende de votre Société n'a pas baissé depuis 1982, soit près de 40 ans.

Je tiens d'ailleurs à remercier les nouveaux actionnaires qui nous ont rejoints cette année, puisque le nombre d'actionnaires individuels a augmenté en un an de 450 000 à 550 000. Je pense qu'ils apprécient le retour que leur donne notre action et je suis certain que d'autres les rejoindront sachant que votre Conseil est très favorable au développement de l'actionnariat individuel et également de l'actionnariat salarié. Nous avons publié hier le résultat de la nouvelle augmentation annuelle réservée aux salariés qui prouve l'engagement très fort des collaborateurs Total et leur confiance dans l'entreprise.

Sur ces bases solides que je viens de décrire, votre Conseil a donc décidé d'engager une transformation en une compagnie multi- énergies avec l'ambition d'être un acteur majeur de la transition énergétique et de devenir un des 5 premiers producteurs d'énergies renouvelables d'ici 2030. Devenir, en quelque sorte une « major de l'énergie verte ». Nous en avons les moyens.

Ce processus de transformation a en fait commencé début 2016 dans la foulée de la signature de l'Accord de Paris avec la publication de notre premier accord climat et la création d'une branche d'activité dédiée à l'électricité et au gaz. Mais c'est 2020 qui est véritablement une année charnière.

En mai d'abord, avec l'affirmation de notre ambition d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2050, ensemble avec la société, que je vous avais présentée lors de notre dernière assemblée générale.

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Pour lire la suite de ce noodl, vous pouvez consulter la version originale ici.

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Total SE published this content on 09 June 2021 and is solely responsible for the information contained therein. Distributed by Public, unedited and unaltered, on 09 June 2021 05:32:00 UTC.