PARIS, 9 décembre (Reuters) - TotalEnergies a
annoncé vendredi qu'il allait retirer ses représentants au sein
du conseil d'administration de Novatek et déconsolider de ses
comptes sa participation de 19,4% dans la compagnie gazière
russe, ce qui entraînera une dépréciation exceptionnelle de 3,7
milliards de dollars (3,5 milliards d'euros) au quatrième
trimestre.
TotalEnergies, qui a engagé un retrait progressif de la
Russie après l'invasion de l'Ukraine décidée par Moscou, a
précisé dans un communiqué qu'il n'est pas en l'état de céder
cette participation puisqu'il lui est interdit de vendre des
actifs à un des principaux actionnaires de Novatek en raison des
sanctions le visant.
"Compte tenu des sanctions européennes en vigueur depuis
le début du conflit, les deux administrateurs représentant
TotalEnergies au sein du conseil d’administration de Novatek
sont conduits à s'abstenir lors des séances du conseil
d’administration de cette société, notamment sur les questions
financières", a expliqué TotalEnergies.
Ces administrateurs n'étant plus en mesure "d'assurer
pleinement leur mission", le groupe a décidé de leur retrait
avec effet immédiat.
En conséquence, TotalEnergies doit déconsolider de ses
comptes la participation de Novatek, ce qui conduira à la
dépréciation exceptionnelle sur le trimestre en cours.
"Par ailleurs, TotalEnergies n'enregistrera plus de
réserves au titre de sa participation dans la société Novatek,
avec un impact sur les réserves prouvées déclarées à fin 2021 de
1,7 milliard de barils", a ajouté le groupe.
Lors du troisième trimestre
, la major pétrolière a enregistré un résultat net ajusté
record dopé par le bond du prix des hydrocarbures mais avait
déjà dû passer une provision liée à la Russie d'un montant de
3,1 milliards de dollars.
A la Bourse de Paris, le titre TotalEnergies reculait de
1,2% vers 15h50 GMT.
"La question que pose cette annonce, c'est 'pourquoi
aujourd'hui et pas plus tôt'", a commenté Biraj Borkhataria,
analyste chez RBC. "La participation dans Novatek était, de
notre point de vue, celle à laquelle TotalEnergies pouvait le
plus facilement renoncer."
Le versement de dividendes par Novatek au pétrolier
français au quatrième trimestre ne devrait pas être affecté par
cette décision, a estimé l'analyste, qui a dit s'attendre à ce
que la somme soit supérieure aux 450 millions de dollars versés
à la fin du deuxième trimestre.
TotalEnergies n'a en revanche aucune intention de se
retirer du projet de gaz naturel Yamal LNG pour le moment,
a-t-on appris d'une source au fait du dossier.
Le directeur général du groupe, Patrick Pouyanné, a dit
à plusieurs reprises qu'il ne quitterait pas le projet tant que
celui-ci ne fait pas l'objet de sanctions de l'Union européenne,
alors que Bruxelles souhaite éviter une rupture totale de
l'approvisionnement de l'Europe en gaz russe.
(Reportage des bureaux de Reuters et Silvia Aloisi à Paris,
rédigé par Blandine Hénault et Tangi Salaün, édité par
Jean-Stéphane Brosse et Kate Entringer)