par Elizabeth Pineau

PARIS, 7 février (Reuters) -

Une troisième journée de mobilisation a débuté mardi contre la réforme des retraites du gouvernement d'Elisabeth Borne, au lendemain du début de l'examen du texte à l'Assemblée nationale dans une ambiance tendue.

Les perturbations annoncées dans les transports, notamment, devraient être un peu moins importantes que lors des précédentes journées de grèves et de manifestations des 19 et 31 janvier, lors desquelles les autorités ont recensé plus d'un million de manifestants à travers la France et les syndicats plus de deux millions.

Prudent, le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, a dit espérer qu'il y aurait entre ce mardi et samedi, prochaine journée de mobilisation annoncée, "autant de manifestants" que lors des précédentes journées.

"On verra sur les deux journées le nombre de participants aux manifestations. On fera le point après ces deux journées", a-t-il déclaré sur RTL.

Philippe Martinez a une nouvelle fois jugé "dangereuse" la volonté du président Emmanuel Macron de faire passer "coûte que coûte" son projet, malgré l'opposition d'environ 70% des Français, selon les sondages. "C'est dangereux de raisonner comme ça (...) Il joue avec le feu", a insisté le syndicaliste.

Huit syndicats (CGT, CFDT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, FSU et Solidaires) et cinq organisations de jeunesse ont appelé à dénoncer le texte, également contesté par l'ensemble des partis de gauche et le Rassemblement national.

L'examen du projet de loi de financement rectificative de la Sécurité sociale contenant la réforme des retraites, qui prévoit notamment un report de 62 à 64 ans de l'âge légal de départ, a commencé lundi dans l'hémicycle à l'Assemblée nationale.

L'issue des débats sur cette réforme impopulaire et cruciale pour le second quinquennat d'Emmanuel Macron est incertaine, alors que le camp présidentiel n'a pas la majorité absolue au Palais Bourbon.

Le ministre du Travail, qui porte le texte, a répété mardi sur RMC que la réforme était "nécessaire".

"Le système est déficitaire et si on tient au système, il faut le sauver", a argumenté Olivier Dussopt, tout en assurant ne pas "être dans le déni" face à l'ampleur de la mobilisation syndicale.

PERTURBATIONS DANS LES TRANSPORTS

Sur ce front, le trafic est "fortement perturbé" ce mardi à la SNCF avec un train sur deux en moyenne pour les TGV Inoui et Ouigo et trois TER sur 10. Des perturbations sont attendues aussi à la RATP, avec un trafic irrégulier dans le métro et un RER A et B sur deux, notamment.

A l'international, trois Eurostar sur quatre sont annoncés entre la France et le Royaume-Uni et un Lyria sur deux à destination et en provenance de la Suisse. Les Thalys, qui relient la France au nord de l'Europe, seront "légèrement perturbés".

Dans les airs, la Direction générale de l'Aviation civile (DGAC) a recommandé aux compagnies d'annuler préventivement un vol sur cinq à l'aéroport parisien d'Orly en raison d'une grève de contrôleurs aériens.

Dans le secteur de l'énergie, la Fédération nationale des mines et de l'énergie-CGT (FNME-CGT) a appelé à faire grève les 7 et 8 février dans les entreprises des industries électriques et gazières.

La mobilisation est importante dans plusieurs raffineries de TotalEnergies, selon Force Ouvrière, qui a avancé des chiffres de 75 à 80% de grévistes à Flandres-Dunkerque, Feyzin et Donges, où l'expédition de produits pétroliers est d'après le syndicat interrompue pour 48 heures.

TotalEnergies a confirmé que les expéditions au départ de ses sites en France étaient interrompues au moins ce mardi, tout en assurant qu'il n'y a pas de difficulté à attendre dans les stations-service.

Comme lors des deux premières journées de contestation, le mouvement de grève touche aussi les écoles où le Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire, a par exemple appelé les enseignants à cesser le travail.

"L'intersyndicale appelle toute la population à se mobiliser par la grève et la manifestation encore plus massivement le mardi 7 février puis le samedi 11 février pour dire non à cette réforme", peut-on lire dans un communiqué commun des syndicats mobilisés, qui se réuniront mardi soir pour faire le point.

Les syndicats de la SNCF n'appellent pas à cesser le travail samedi prochain, journée de départ en vacances d'hiver pour une partie des Français. Ils encouragent toutefois les cheminots à manifester.

Onze mille policiers et gendarmes seront mobilisés mardi pour les manifestations dans toute la France, dont 4.000 à Paris, a déclaré le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin. (Reportage Elizabeth Pineau, avec Tangi Salaün et Bertrand Boucey, édité par Kate Entringer)