* Nissan et Toyota avancent la fermeture de plusieurs usines

* Suzuki passe de deux équipes à une seule

* L'impact du conflit territorial s'ajoute au ralentissement du marché chinois

par Norihiko Shirouzu

PEKIN, 26 septembre (Reuters) - Toyota, Nissan et Suzuki sont en train de réduire leur production en Chine après les manifestations anti-japonaises des dernières semaines, qui assombrissent leurs perspectives commerciales sur le premier marché automobile du monde.

De telles réductions de production ne sont pas exceptionnelles dans le secteur automobile sur des marchés matures comme les Etats-Unis, où elles servent généralement à réduire les stocks.

Mais les mesures prises en Chine par les constructeurs japonais constituent une anomalie : le marché chinois a été ces dernières années l'un des plus dynamiques du monde, poussant les constructeurs à augmenter leurs capacités, du moins jusqu'à ce que la décélération de la croissance économique ramène récemment les ventes à un niveau inférieur à la production.

"Je pense qu'on va assister à une baisse de 20% à 30% des ventes des constructeurs automobiles japonais en Chine", a déclaré Koji Endo, analyste spécialisé d'Advanced Research Japan. "La dernière fois que l'on a assisté à de telles manifestations, en 2010, les effets n'ont duré qu'un mois, mais je crois que cette fois, ce sera différent. L'impact sera important."

Nissan, principal producteur japonais sur le sol chinois, a annoncé qu'il arrêterait dès jeudi la production d'une coentreprise en Chine, soit trois jours plus tôt que prévu avant la semaine de fermeture planifiée pour la semaine prochaine, entièrement fériée dans la République populaire.

Les usines de Toyota à Tianjin et Guanzhou vont également suspendre leur production dès mercredi et jusqu'à la fin de la semaine prochaine, a déclaré une porte-parole du groupe à Tokyo, soit quelques jours plus tôt que prévu.

Un haut responsable de Toyota à Pékin a reconnu que le constructeur ne serait sans doute pas en mesure d'atteindre son objectif d'un million de véhicules vendus en Chine cette année, après environ 900.000 l'an dernier.

RESSENTIMENT

"On a beaucoup de mal à vendre des voitures en ce moment, mais c'est le cas pour toutes les marques japonaises, pas seulement pour nous", a dit à Reuters ce responsable, qui a requis l'anonymat.

Mazda Motor a également décidé d'interrompre sa production en Chine vendredi et samedi, accordant ainsi à ses salariés deux jours de congés supplémentaires. Quant à Suzuki, il a expliqué avoir arrêté l'une des deux équipes qu'il fait habituellement travailler sur ses lignes de production chinoises.

Les décisions des dernières jours amplifient donc des réductions de production mises en oeuvre par les groupes japonais avant les manifestations liées au conflit territorial entre Pékin et Tokyo sur les îles Senkaku-Diaoyu. (voir )

Acteurs et observateurs du secteur automobile jugent que l'exacerbation du sentiment anti-japonais en Chine devrait peser sur la demande de produits nippons, s'ajoutant à l'impact du ralentissement de la croissance.

Bin Wang, analyste de Bank of America-Merrill Lynch, a expliqué après des vérifications auprès de concessionnaires de marques automobiles japonaises dans la province du Guangdong que leurs ventes avaient chuté de 60% en moyenne depuis le début des manifestations. Avec pour corollaire une hausse des ventes de modèles allemands, américains ou coréens, a-t-il précisé.

"Les concessionnaires pensent que le sentiment actuel touchant les voitures de marques japonaises pourrait persister plus longtemps que lors du précédent conflit sur les îles en octobre 2010", ajoutait-il dans une note publiée vendredi.

Au total, les constructeurs japonais détenaient environ 19% du marché automobile chinois en août, avant les premières manifestations visant Tokyo, contre 20% en juillet, selon l'Association chinoise des constructeurs automobiles. (Marc Angrand pour le service français, édité par Dominique Rodriguez)

Valeurs citées dans l'article : Nissan Motor, Suzuki Motor, Toyota Motor Corp.