Tokyo (awp/afp) - Le géant de l'automobile japonais Toyota a agréablement surpris vendredi en relevant ses prévisions annuelles grâce à une pause dans le regain du yen, s'apprêtant en outre à donner un coup d'accélérateur à sa collaboration avec Mazda.

Après une année précédente marquée par un plongeon de ses profits, les analystes redoutaient une nouvelle dégringolade, mais Toyota est parvenu à dégager un bénéfice net en hausse de 11% sur un an au premier trimestre 2017/18, à 613 milliards de yens (5 milliards d'euros au taux de change retenu par le groupe).

Fort de cette performance, le groupe a fourni des estimations moins pessimistes et espère désormais un résultat net de 1.750 milliards de yens sur l'ensemble de l'exercice qui s'achèvera fin mars 2018, au lieu de 1.500 milliards précédemment.

Toyota, très sensible aux devises, pronostique un dollar à 110 yens, et non plus à 105 yens, d'où cette révision positive.

Le bénéfice d'exploitation devrait quant à lui s'établir à 1.850 milliards de yens, au lieu de 1.600 milliards. Outre des effets de change favorables, Toyota se félicite d'efforts fructueux de réduction de coûts.

Même relevées, ces estimations signeraient tout de même un recul pour Toyota pour la deuxième année consécutive (-4,4% pour le résultat net, -7,2% pour le résultat opérationnel), mais il fera tout pour "éviter" ce scénario, a déclaré Tetsuya Otake, un haut responsable du groupe, lors d'une conférence de presse à Tokyo.

Le constructeur devra pour cela réduire ses dépenses de marketing, très élevées aux Etats-Unis où le marché s'essouffle.

De ce fait, le bénéfice d'exploitation a accusé un repli de 10,6% au premier trimestre comparé à un an plus tôt, malgré un chiffre d'affaires en progression de 7% à 7.047,6 milliards de yens.

Sur la période d'avril à juin, Toyota a écoulé 2,59 millions de véhicules au total avec l'ensemble de ses marques: Toyota, Lexus (luxe), Daihatsu (mini-véhicules), Hino (poids lourds).

Les ventes en volume ont rebondi au Japon, ont résisté en Amérique du Nord grâce aux incitations commerciales et ont progressé en Europe. Elles ont en revanche reculé en Asie, en particulier en Thaïlande et en Indonésie, mais le groupe a bien tiré son épingle du jeu en Chine.

D'ici à mars 2018, le fabricant de la citadine Yaris, de la Prius hybride (essence/électricité) ou encore de la berline Corolla espère toujours vendre 10,25 millions de véhicules, pour un chiffre d'affaires attendu en petite hausse de 3,3%, à 28.500 milliards de yens (au lieu de 27.500 milliards de yens escomptés auparavant).

- Usine commune, voitures électriques -

Parallèlement à la publication de ses résultats financiers, Toyota devait annoncer dans la soirée un renforcement de son alliance avec Mazda. Une conférence de presse est prévue en présence des PDG Akio Toyoda et Masamichi Kogai.

Déjà unis par un accord signé en mai 2015, pour "évaluer comment utiliser au mieux les atouts respectifs de chaque compagnie", notamment dans l'environnement et la sécurité, les deux constructeurs ont visiblement décidé de franchir un pas supplémentaire. Ils ont fait état chacun de la tenue d'un conseil d'administration pour évoquer le sujet.

Concrètement, Toyota a l'intention d'acquérir une part d'environ 5% dans son compatriote, qui entrerait lui aussi au capital du numéro un japonais, a rapporté le quotidien économique Nikkei.

Les partenaires envisagent d'établir une usine conjointe aux Etats-Unis, d'une capacité annuelle d'environ 300.000 véhicules, principalement des SUV, 4X4 de loisirs dont raffolent les automobilistes américains.

L'investissement est évalué à 1,6 milliard de dollars et 4.000 emplois seraient créés sur le site qui ouvrirait d'ici à 2021, croit savoir l'agence Bloomberg News.

Le but: réduire les coûts et partager l'expertise des deux groupes, sur fond de pressions de l'administration Trump pour fabriquer les véhicules sur le sol américain. Toyota assemble actuellement aux Etats-Unis seulement la moitié des voitures qu'il y vend, tandis que Mazda n'a pas d'usine sur place et y importe ses voitures du Mexique et du Japon.

Les deux constructeurs espèrent aussi développer ensemble des véhicules électriques, un domaine dans lequel Toyota a récemment intensifié ses efforts après avoir auparavant privilégié l'hybride (double motorisation à essence et électricité) et l'hydrogène (pile à combustible).

afp/rp