Taïwan a inscrit les entreprises chinoises Huawei Technologies et Semiconductor Manufacturing International Corp (SMIC) sur sa liste de contrôle des exportations, aux côtés d'organisations proscrites comme les talibans ou al-Qaïda. Cette décision, motivée par des préoccupations de sécurité nationale, impose désormais aux entreprises taïwanaises d'obtenir une autorisation gouvernementale avant de vendre des produits à ces groupes.
L'annonce a été faite sur le site de l'administration du commerce du ministère de l'Économie, après une révision de la liste des entités concernées tenue le 10 juin. En tout, 601 entités ont été ajoutées, incluant des acteurs de Russie, du Pakistan, d’Iran, de Birmanie et de Chine. Le ministère précise que cette mise à jour vise à prévenir la prolifération des armes et à renforcer la sécurité nationale. Il appelle les fabricants à se conformer aux règles d’exportation, à exercer une vérification rigoureuse et à évaluer soigneusement les risques commerciaux.
Huawei et SMIC, piliers des ambitions chinoises en matière de semi-conducteurs et d’intelligence artificielle, sont déjà confrontés à des restrictions d’exportation américaines. Huawei figure sur une liste noire du département du Commerce des États-Unis, ce qui l’empêche de recevoir des biens et technologies américains, ainsi que des composants fabriqués à l’étranger avec des technologies américaines, comme les puces de TSMC.
En octobre dernier, le cabinet canadien TechInsights a démonté un processeur IA 910B de Huawei et y a trouvé une puce produite par TSMC. Cette puce, considérée comme l’un des accélérateurs IA les plus avancés produits en Chine, a conduit TSMC à suspendre ses livraisons à Sophgo, une société chinoise dont la puce correspondait à celle intégrée dans le 910B. En novembre, le département du Commerce américain a ordonné à TSMC d’interrompre toute nouvelle livraison de puces vers des clients chinois.
Taïwan, où est implanté TSMC, le plus grand fondeur de semi-conducteurs au monde et fournisseur clé de Nvidia, impose déjà des restrictions sévères aux exportations de puces vers la Chine, notamment pour les produits fabriqués localement ou fournis par des entreprises taïwanaises.
Par ailleurs, le gouvernement taïwanais a multiplié les mises en garde contre les tentatives de la Chine, incluant SMIC, de détourner des technologies et de recruter illégalement des talents dans l’industrie des semi-conducteurs de l’île. SMIC, principal fabricant de puces en Chine, investit massivement pour renforcer ses capacités de production et réduire la dépendance technologique de Pékin, dans un contexte de restrictions imposées par les États-Unis.