AJOUTE source européenne sur coordination samedi des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE, refus du Premier ministre slovène de féliciter Joe Biden

BRUXELLES (awp/afp) - Les dirigeants de l'UE ont félicité samedi Joe Biden pour son élection à la présidence américaine, appelant à rebâtir avec les Etats-Unis un "partenariat solide" après une relation conflictuelle sous le mandat de Donald Trump.

"Je félicite chaleureusement M. Biden pour sa victoire et suis impatiente de le rencontrer aussi tôt que possible", a réagi la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

L'UE et les Etats-Unis "sont des amis et alliés", a souligné la chef de l'exécutif européen, pointant une relation "enracinée dans des valeurs partagées de démocratie, liberté, droits de l'Homme, justice sociale et économie ouverte". "La Commission se tient prête à intensifier sa coopération avec la nouvelle administration et le nouveau Congrès", a-t-elle conclu.

Charles Michel, président du Conseil européen -- l'organe représentant les vingt-sept Etats membres--, se montrait plus prudent: "Nous prenons note des derniers développements dans le processus électoral. Sur cette base, l'UE félicite Joe Biden et Kamala Harris pour avoir atteint suffisamment de grands électeurs", a-t-il expliqué.

Avant d'insister: "L'UE est prête à s'engager pour un partenariat transatlantique robuste. Covid-19, multilatéralisme, changement climatique et commerce international sont des défis à affronter ensemble".

"C'est un jour fantastique pour les Etats-Unis et l'Europe, nous nous réjouissons de travailler avec la nouvelle administration pour reconstruire notre partenariat", a abondé le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.

Une "reconstruction" nécessaire, tant les relations entre Washington et l'Europe ont été mises à rude épreuve par l'administration Trump, entre conflit commercial, oppositions sur la fiscalité du numérique ou l'Otan, retrait américain de l'Accord de Paris sur le climat et de l'accord iranien sur le nucléaire...

"A l'avenir, nos divergences ne seront plus résolues sur Twitter", a ironisé Martin Selmayr, représentant de la Commission à Vienne et influent ex-haut-fonctionnaire bruxellois.

Selon une source européenne, Charles Michel avait préparé ces dernières semaines "différent scenarii" sur l'issue de l'élection, et les chefs d'Etat et de gouvernement des Vingt-Sept se sont entendus samedi pour féliciter Joe Biden et Kamala Harris "simultanément" vers 19 heures (18H00 GMT) dans des termes voisins, en exprimant "leur respect pour le processus électoral".

Le président français Emmanuel Macron et la chancelière allemande Angela Merkel ont respecté ce effort commun, tout comme les dirigeants bruxellois.

Mais le Premier ministre slovène, Janez Jansa, à la tête du parti anti-migrants SDS, s'est refusé à féliciter M. Biden, arguant sur Twitter que les résultats n'étaient "pas encore officiels" et que Donald Trump "préparait des recours en justice".

Au Parlement européen, l'enthousiasme dominait: Dacian Ciolos, président du groupe Renew (libéraux) évoquait "une nouvelle aube" de la relation UE/Etats-Unis. Peu avant le cinquième anniversaire de l'Accord de Paris --que Joe Biden entend réintégrer-- "c'est un signal très encourageant" pour le climat, observait l'eurodéputé Pascal Canfin.

"La défaite de Trump peut marquer le début de la fin du triomphe des populismes d'extrême-droite en Europe. Merci Joe!", a par ailleurs lancé le chef du Parti populaire européen (PPE, droite pro-UE), ex-président du Conseil européen et ancien Premier ministre polonais Donald Tusk.

"C'est un extraordinaire soulagement. Il est temps qu'un président américain fasse son job sérieusement, qu'il soutienne les démocraties et non des dictateurs", renchérissait la vice-présidente du groupe S&D (Sociaux-démocrates) au Parlement, Kati Piri.

D'autres se montraient plus réservés: "Imaginer que la fin de Trump signifie le retour d'un âge d'or fantasmé du lien transatlantique, c'est ignorer l'évolution des Etats-Unis et du contexte international", prévenait l'eurodéputé Arnaud Danjean (PPE), mettant en garde contre un "réveil difficile" après "l'euphorie".

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