Washington (awp/afp) - Uber a dégagé pour la première fois un excédent brut d'exploitation (Ebitda), de 8 millions de dollars, au troisième trimestre, un premier pas vers la rentabilité tant attendue pour le leader mondial de la réservation de voitures de tourisme avec chauffeur (VTC).

Avant la pandémie, la société basée à San Francisco prévoyait d'atteindre le Graal de la rentabilité au dernier trimestre 2020.

Puis, lourdement affectée par les mesures de confinement pour contenir la crise sanitaire, elle avait indiqué que cet objectif serait retardé de plusieurs trimestres.

"Même si n'est qu'une étape, dégager un bénéfice avant intérêts, impôts et amortissements (EBITDA) est un jalon majeur pour Uber", a souligné Nelson Chai, le directeur financier du groupe, cité dans un communiqué de résultats jeudi.

Mais le pionnier des VTC reste déficitaire. Il a enregistré une perte nette importante de 2,4 milliards, dont 2 milliards à cause de la réévaluation de ses parts dans la société chinoise Didi, a détaillé l'entreprise.

Uber profite néanmoins à plein des vaccinations et de la réouverture de l'économie.

Le groupe californien a ainsi réalisé 4,8 milliards de dollars de chiffre d'affaires, en hausse de 72% par rapport à l'été 2020, marqué par la pandémie.

Les réservations brutes pour les trajets avec chauffeur (essentiellement les recettes avant déductions des taxes, péages et diverses rémunérations des conducteurs) ont bondi de 67% sur un an, à 9,9 milliards de dollars pendant le trimestre écoulé.

Cinq minutes "magiques"

"Nos investissements rapides et décisifs dans les incitations au retour des chauffeurs continuent de payer. Ils reviennent sur la plateforme, ce qui améliore l'expérience des consommateurs", a assuré Dara Khosrowshahi, le patron de l'entreprise.

"Le nombre de trajets pendant le weekend de Halloween a dépassé les niveaux (pré-pandémie) de 2019", a -t-il ajouté.

Au printemps et à l'été derniers, la demande des usagers de la plateforme est revenue beaucoup plus rapidement que les conducteurs.

Peu pressés de revenir travailler par peur du Covid et confortés par le fait de recevoir des aides de l'Etat substantielles, la pénurie de chauffeurs a conduit à allonger les délais d'attente et des prix plus élevés pour les clients.

Certains chauffeurs s'étaient aussi exclusivement consacrés à la livraison de repas au détriment du transport de personnes.

La société a donc dépensé des dizaines de millions de dollars en bonus et primes pour les motiver à reprendre le volant.

"Les résultats sont clairs: nous en sommes à dix semaines consécutives de croissance du nombre de chauffeurs aux Etats-Unis", s'est félicité Dara Khosrowshahi pendant la conférence téléphonique aux analystes.

"Le nombre de chauffeurs actifs est en hausse de 65% par rapport au mois de janvier et le temps d'attente est retombé sous le chiffre magique des cinq minutes en moyenne".

Du côté des livraisons (Uber Eats et d'autres branches), devenue la principale manne financière de l'entreprise pendant la crise financière, les réservations brutes pour l'activité de livraisons, ont atteint 12,8 milliards de dollars (+50% sur un an).

Uber fait face à plus de concurrence sur ce marché que sur celui des VTC. Aux Etats-Unis, il a de nombreux rivaux, comme DoorDash, GrubHub, EatStreet, etc. En juillet 2020, la société a racheté l'un d'entre eux, l'application Postmates, pour 2,65 milliards de dollars.

afp/rp