Paris (awp/afp) - L'attentisme était de mise sur les marchés mondiaux jeudi, les investisseurs optant pour la prudence après plusieurs jours d'optimisme grâce à l'évolution de la guerre commerciale, et avant la publication d'indicateurs macroéconomiques et de résultats d'entreprises.
Vers 09h30, la Bourse de Paris perdait 0,35%, celle de Francfort 0,37%, celle de Londres 0,47% et Milan 0,42%. A la Bourse suisse, l'indice SMI se repliait vers 09h55 de 0,2%.
"L'optimisme commercial s'estompe malgré une désescalade encourageante avec la Chine et des accords commerciaux réels avec le Moyen-Orient" où le président américain Donald Trump poursuit sa tournée jeudi, abonde Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote Bank. Après le "rebond" observé en début de semaine, une "prise de profit n'est pas à exclure" selon John Plassard, spécialiste de l'investissement pour Mirabaud. C'est-à-dire que les investisseurs peuvent chercher à revendre des actifs qui sont montés afin de générer un gain.
"Des prises de bénéfices après de très bonnes séances sont inévitables", abonde Christopher Dembik, conseiller en stratégie d'investissement chez Pictet AM. Cela entraîne un mouvement à la baisse des places boursières, comme constaté dès mercredi en Europe.
Tendance équivalente sur la place japonaise jeudi. "Si la hausse des valeurs technologiques américaines la veille laisse espérer un regain d'intérêt pour les titres liés aux semi-conducteurs au Japon, la récente montée rapide des actions alimente un sentiment de surchauffe", commentent les experts de Tokai Tokyo Intelligence.
Dans ce contexte, les firmes japonaises liées aux semi-conducteurs ont évolué dans le rouge après l'envolée de la veille, dont Disco Corp (-3,24% en clôture) ou d'Advantest (-1,11%). A la fermeture de la Bourse de Tokyo, l'indice vedette Nikkei a chuté de 0,98%.
Ses voisines asiatiques ont aussi fini dans le rouge: Hong Kong -0,82%, Shenzhen -1,60% et Shanghai -0,69%. De plus, "quelques remous sur le front de la guerre commerciale ont incité à la prudence", ajoute M. Dembik, qui prend en exemple un "désaccord" exprimé par Pékin sur une clause du contrat commercial annoncé le 8 mai entre Londres et Washington.
Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a quant à lui estimé mercredi devant l'Assemblée nationale française que cet accord, ainsi que celui entre Washington et Pékin, ne sont "pas de bons accords" car ils comportent "encore trop de tarifs (douaniers) pénalisants (...) et surtout toujours autant de flou et d'imprévisibilité qui provoquent l'attentisme".
Face à cette situation géopolitique et commerciale mouvante, les investisseurs se montrent prudents. Mais "ce sursaut commercial (entre Chine et Etats-Unis depuis lundi) pourrait offrir quelques mois de répit à l'économie américaine", remarque Antoine Andreani, directeur de la recherche chez XTB France.
Pour glaner quelques indices sur la santé de l'économie, les investisseurs pourront notamment tourner les yeux jeudi vers la publication d'indicateurs, comme les inscriptions au chômage hebdomadaires américaines ou l'activité manufacturière dans la très industrialisée région de Philadelphie, au nord-est des Etats-Unis. "Ces deux statistiques répercutent plus vite que les autres les éventuels retournements de cycle", explique Christopher Dembik.
Le pétrole plonge après Trump
Les cours du pétrole ont plongé de plus de 3% jeudi après que Donald Trump a affirmé que Washington et Téhéran se rapprochaient sur le nucléaire iranien. Vers 09h15, le prix du baril de Brent chutait de 3,15% à 64,01 dollars et le baril de West Texas Intermediate perdait 3,29% à 61,07 dollars après que M. Trump a déclaré depuis le Qatar que les deux pays se rapprochaient "de la conclusion" d'un accord. "On ne va pas faire de poussière nucléaire en Iran", a-t-il affirmé.
Côté changes, vers 09h30, le dollar cédait 0,30% par rapport à la monnaie unique, à environ 1,1211 dollar pour un euro.
Ubisoft dégringole
A 09h20, le titre de l'éditeur français de jeux vidéo Ubisoft décrochait de 19,30% à 9,42 euros. Le géant du secteur enregistre une perte nette de 159 millions d'euros pour son exercice décalé 2024/25, plombé par le lancement en demi-teinte de "Star Wars Outlaws" l'été dernier et l'arrêt prématuré de son jeu de tir en ligne "XDefiant", a-t-il indiqué mercredi lors de ses résultats annuels décalés.
afp/vj
