Ubisoft chute de plus de 7% à 71,78 euros après une conférence sans surprise et le scandale qui agite le groupe. Dimanche, l'éditeur de jeux vidéo a organisé une téléconférence remplaçant l'E3, annulée pour cause de coronavirus. Cet événement n'a semble-t-il pas réellement convaincu. Le groupe français a précisé les dates de lancement de trois jeux AAA déjà connus (blockbusters du jeu vidéo aux gros budgets) : Watch Dogs Legion en octobre, Assassin's Creed (plus grosse licence du groupe) fin novembre et Far Cry, en février 2021.

En revanche, la société n'a pas évoqué la sortie de deux autres AAA qui avaient été décalés en octobre dernier (Gods & Monsters et Rainbow 6 Quarantine). A l'époque, l'annonce de ce retard avait contraint Ubisoft a lancé un avertissement massif sur ses résultats.
Ubisoft a donné rendez-vous à la fin de l'année pour un événement qui sera peut être l'occasion de distiller davantage d'informations sur ces deux jeux.

Par ailleurs, le groupe français a annoncé des départs importants au sein de sa direction en lien avec les récentes allégations et accusations de mauvaise conduite et de comportements inappropriés.

Serge Hascoët a choisi de démissionner de son poste de Chief Creative Officer, avec effet immédiat. Ce rôle sera assumé dans l'intérim par Yves Guillemot, PDG d'Ubisoft.

Yannis Mallat, dirigeant des studios canadiens d'Ubisoft, quitte ses fonctions et la société avec effet immédiat.

De plus, Ubisoft va nommer un nouveau responsable monde des ressources humaines, en remplacement de Cécile Cornet, qui a décidé de démissionner de ce poste et ce dans l'intérêt de l'unité du groupe.

Plusieurs brokers ont commenté ces différentes annonces.

LCM a ainsi jugé la présentation des perspectives plutôt décevante. Selon le courtier cette présentation, moins dense, a révélé quelques images intéressantes mais surtout beaucoup d'absences qui seront apparemment comblées lors d'une prochaine présentation. Aussi, il a confirmé son opinion Neutre et son objectif de 75 euros sur le titre.

Concernant le scandale, Invest Securities estime que l'impact de ces départs est difficile à mesurer, car ils n'affectent pas directement la production en cours des jeux : en effet, l'analyste ne pense pas qu'il y ait de conséquence sur les perspectives du groupe à court terme.

"En agissant ainsi, Yves Guillemot évite également que l'affaire ne prenne trop d'ampleur médiatique et aboutisse à des mouvements de boycotts des jeux Ubisoft, particulièrement aux Etats-Unis où il règne une forme d'hystérie sur ces sujets (l'Amérique du Nord représentait 50% des revenus du groupe en 2019-20)", souligne l'intermédiaire.

"A moyen terme, l'action radicale d'Yves Guillemot de se séparer d'un proche puissant au sein du groupe constitue un bon signal, Guillemot notifiant à l'ensemble de son équipe managériale que personne n'est intouchable en cas de dérive", conclut Invest Securities.

Enfin, Jefferies a dégradé sa recommandation sur Ubisoft d'Achat à Conserver et réduit son objectif de cours de 89 à 74 euros. Le broker estime que les victimes de harcèlements pourraient considérer la direction comme responsable ce qui pourrait avoir des conséquences financières, notamment via des litiges et des productions retardées.

En outre, le bureau d'études souligne que les deux principaux lancements à venir : Watch Dogs Legion en octobre, et Assassin's Creed fin novembre affronteront la concurrence directe de Cyberpunk 2077 et Call of Duty.