Paris (awp/afp) - Les cours du pétrole ont chuté jeudi après un rapprochement entre Washington et Téhéran, illustrant l'attentisme des marchés mondiaux. Les investisseurs se montraient prudents, en quête de nouveaux repères sur l'orientation macroéconomique internationale.
Les cours de l'or noir ont plongé de plus de 3%, après que Donald Trump a déclaré que l'Iran et les Etats-Unis se rapprochaient "de la conclusion d'un accord" sur le nucléaire iranien. A 13h20, le prix du baril de Brent chutait de 3,35% à 63,88 dollars et le baril de West Texas Intermediate perdait 3,58% à 60,89 dollars.
Le président américain, en pleine tournée dans le Golfe, s'est exprimé depuis le Qatar. La veille, un conseiller du guide suprême iranien Ali Khamenei, avait affirmé à la télévision que l'Iran était prêt à accepter un accord avec les Etats-Unis sur son programme nucléaire en échange de la levée immédiate des sanctions.
Si un tel accord est trouvé, "la production iranienne pourrait augmenter de 400'000 barils quotidiens dans les prochains mois", estime Jorge Leon de Rystad Energy, interrogé par l'AFP. "La chute des prix du pétrole a mis sous pression les géants de l'énergie cotés en Bourse, alors que les craintes d'une offre excédentaire sur le marché se multiplient", remarque Susannah Streeter, analyste chez Hargreaves Lansdown.
Dans la foulée des déclarations du président américain, les valeurs pétrolières ont broyé du noir: vers 13h20, le géant britannique BP reculait de 1,38%, Shell perdait 0,95% et TotalEnergies cédait 1,07%. Face aux incertitudes et à la géopolitique mouvante, les marchés d'actions marquaient quant à eux une pause jeudi.
A Wall Street, les contrats à terme des trois principaux indices boursiers laissent présager d'une ouverture en légère baisse.
Vers 13h20, la Bourse de Paris perdait 0,19%, celle de Francfort 0,03%, et Milan 0,25%. Londres se distinguait en gagnant timidement 0,23%, tout comme la Bourse suisse, dont l'indice phare SMI progressait vers 13h50 de 0,35%.
Les investisseurs sont "d'humeur prudente après une semaine marquée par un rebond robuste des actifs à risque, stimulé par des progrès dans les discussions commerciales et la stabilité économique", note Patrick Munnelly, analyste chez Tickmill Group. En effet, ces derniers jours ont été ponctués par des avancées sur le front des négociations commerciales entre Washington et ses partenaires d'échanges, avec en premier lieu l'annonce lundi de la réduction des surtaxes douanières qu'Etats-Unis et Chine s'étaient mutuellement imposé, saluée par les investisseurs.
Mais "l'appétit pour l'optimisme commercial commence à montrer des signes d'épuisement", observe Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote Bank. Et après de "bonnes séances", les prises de bénéfices sont "inévitables", abonde Christopher Dembik, conseiller en stratégie d'investissement chez Pictet AM.
Cela a entraîné les cours à la baisse, à l'image des places asiatiques qui ont fermé dans le rouge. La Bourse de Tokyo a terminé sur une perte de 0,98%, comme Hong Kong (-0,82%), Shenzhen (-1,60%) et Shanghai (-0,69%).
Côté changes, le dollar continuait de perdre du terrain jeudi, les investisseurs se montrant circonspects quant à la pérennité de l'accalmie commerciale. Vers 13h20, le billet vert perdait 0,16% face à l'euro, à 1,1192 dollar.
Ubisoft dégringole
A 13h10, le titre de l'éditeur français de jeux vidéo Ubisoft décrochait de 17,07% à 9,68 euros. Le géant du secteur a enregistré une perte nette de 159 millions d'euros pour son exercice décalé 2024/25, plombé par le lancement en demi-teinte de "Star Wars Outlaws" l'été dernier et l'arrêt prématuré de son jeu de tir en ligne "XDefiant", a-t-il indiqué mercredi lors de la présentation de ses résultats annuels.
Les valeurs défense progressent
Les valeurs de la défense figurent parmi les meilleures performances de l'indice Stoxx 600 à mi-séance, avec le suédois Saab (+2,3% vers 11H10 GMT) et Rheinmetall (+4,24), l'italien Leonardo (+2,99%) ou encore le français Thales (+2,21%).
Thyssenkrupp chute
Le conglomérat industriel allemand Thyssenkrupp (-10,87% à 3.371 euros à 11H10 GMT) dégringole à Francfort après des résultats trimestriels bien en deçà des attentes, affectés par les déboires de ses branches sidérurgique et automobile, même si le groupe maintient ses prévisions annuelles.
afp/vj