L'activité des usines chinoises aurait reculé en avril, selon un sondage Reuters publié mardi, alors que le paquet de tarifs « Liberation Day » imposé par Donald Trump a brusquement mis un terme à deux mois de reprise.

Un sondage mené auprès de 30 économistes prévoit que l'indice officiel des directeurs d'achat (PMI) s'établira à 49,8 mercredi, contre 50,5 en février, passant ainsi sous le seuil des 50 points qui distingue croissance et contraction de l'activité.

La décision du président américain Trump d'imposer des droits de douane de 145 % spécifiquement à la Chine intervient à un moment particulièrement difficile pour la deuxième économie mondiale, confrontée à la déflation en raison d'une faible progression des revenus et d'une crise immobilière persistante.

Les producteurs chinois avaient anticipé l'entrée en vigueur des tarifs en accélérant les expéditions à l'étranger, ce qui avait porté les exportations à leur plus haut niveau depuis cinq mois en mars. Toutefois, l'arrivée effective des droits de douane a mis fin à cette stratégie.

Jusqu'ici, les décideurs politiques s'appuyaient principalement sur les exportations pour soutenir la fragile reprise économique post-pandémie, et n'ont commencé à stimuler la demande intérieure de manière plus marquée que vers la fin de l'année dernière.

Les analystes s'attendent à ce que Pékin adopte de nouvelles mesures de relance monétaire et budgétaire dans les prochains mois afin de soutenir la croissance et de protéger l'économie contre l'impact des tarifs américains.

La Chine a maintes fois nié vouloir négocier avec les États-Unis une sortie des tarifs, semblant plutôt parier sur un recul de Washington. Pékin a ainsi accéléré la mise en oeuvre des plans de relance de cette année pour limiter les effets de la perte, au moins temporaire, de son principal client.

Lundi, le vice-président de l'organisme chinois de planification économique a annoncé que la Commission nationale du développement et de la réforme (NDRC) dévoilerait de nouvelles politiques au cours du deuxième trimestre, en fonction de la conjoncture économique.

Cette déclaration fait suite aux engagements pris vendredi par le Politburo, organe décisionnaire du Parti communiste, de soutenir les entreprises et les travailleurs les plus touchés par les droits de douane.

Le consensus général parmi les observateurs de la Chine est qu'une seconde guerre commerciale avec les États-Unis pèsera lourdement sur la croissance. Néanmoins, Zhao Chenxin, de la NDRC, s'est dit confiant que le pays atteindrait son objectif de croissance économique d'environ 5 % pour 2025.

Le Fonds monétaire international, Goldman Sachs et UBS ont tous récemment revu à la baisse leurs prévisions de croissance pour la Chine en 2025 et 2026, invoquant l'impact des tarifs américains ; aucun ne s'attend à ce que l'économie atteigne l'objectif officiel fixé par Pékin.

Les analystes sondés par Reuters anticipent également une baisse du PMI privé Caixin à 49,8, contre 51,2 le mois précédent. Les données seront publiées le 30 avril.