Zurich (awp) - L'Association suisse de protection des actionnaires (SASV) cherche depuis lundi à recruter d'anciens actionnaires de Credit Suisse (CS) en vue d'entamer une procédure juridique destinée à leur faire obtenir une "indemnisation adéquate" dans le cadre de la reprise de l'ex-numéro deux bancaire helvétique par son concurrent UBS annoncée le 19 mars.
La capitalisation boursière de la banque aux deux voiles se montait alors à 7,3 milliards de francs suisses, alors que le prix convenu pour la reprise avait été fixé à seulement 3 milliards. "Normalement, lors d'une fusion, les actionnaires reçoivent également une prime sur la valeur boursière, qui dépend de la valeur intrinsèque de l'entreprise", souligne l'association dans son invitation.
La condition pour participer à la procédure est d'avoir été détenteur le jour de l'annonce de la transaction d'actions ou de certificats de dépôt américains (ADS) de Credit Suisse. Le délai pour le dépôt de plainte selon l'article 105 de la Loi sur la fusion (LFus) est de deux mois après la publication de la transaction dans la feuille d'avis officielle (FAO), c'est-à-dire le 14 août. Celui pour la participation à la procédure a été fixé au 11 août.
La SASV propose deux variantes de participation. La première, indépendante du nombre de titres détenus et du lieu de résidence, suppose un coût pour le plaignant estimé à 7 centimes par action détenue, mais plafonné à 30'000 francs suisses.
La seconde, réservée aux plaignants résidant en Suisse et détenteurs d'au moins 5000 actions, est "pratiquement sans coût et sans risque" pour ces derniers, mais l'association percevrait un tiers du montant d'une éventuelle indemnisation, qu'elle soit fixé par les autorités ou dans le cadre d'un règlement extra-judiciaire.
Plusieurs centaines d'intéressés
Sollicité par l'agence AWP, le secrétaire général de l'association Arik Röschke a indiqué que près de 400 actionnaires déçus avaient manifesté leur intérêt pour une action en justice collective.
"Nous ne savons pas encore combien d'entre eux se joindront finalement à nous, car l'inscription n'est possible que depuis aujourd'hui", a poursuivi le responsable, précisant que jusqu'ici, il s'agissait "presque exclusivement d'investisseurs privés suisses, dont certains ont perdu toutes leurs économies".
Il a également insisté sur le fait que le SASV ne "collabore pas avec Legalpass et suit une autre approche", soulignant que l'association n'ayant pas de but lucratif, les plaignants ont la possibilité de participer à la procédure à prix coûtant.
Mi-juin, la jeune pousse juridique lausannoise Legalpass avait lancé un appel similaire aux actionnaires déçus de CS en vue d'un dédommagement face au profit réalisé par UBS à l'acquisition sous la contrainte de son ex-rival. Il y a une dizaine de jour, Legalpass avait indiqué que plus d'un millier d'actionnaires avaient répondu à son invitation, permettant d'assurer le financement de la procédure.
L'annonce de l'ouverture possible d'un nouveau front juridique pour la banque fusionnée ne semble pas avoir effrayé outre mesure les détenteurs de capitaux. La nominative UBS a bouclé lundi sur un gain de 0,1% à 19,27 francs suisses, dans un SMI qui a fini en recul de 0,1%.
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