PARIS (awp/afp) - Les opposants à la direction d'Unibail-Rodamco-Westfield (URW) ont pris vendredi le contrôle du conseil de surveillance, avec l'élection à sa tête de Léon Bressler, ex-patron du géant des centres commerciaux qui mène une fronde d'actionnaires avec l'entrepreneur Xavier Niel.

Depuis des semaines, un consortium d'actionnaires mené par Léon Bressler, ancien PDG de 1992 à 2006 de la foncière, et Xavier Niel, entrepreneur aux multiples casquettes qui a notamment fondé Iliad, la maison mère de l'opérateur Free, appelle à un changement de stratégie radical pour le groupe qui détient notamment le Forum des Halles à Paris.

Le pari de MM. Bressler et Niel - qui contrôlent de concert un peu plus de 5% du capital de la foncière - était risqué, l'actionnariat d'URW étant très éclaté. Mais ils avaient remporté une première victoire mardi: la direction d'URW n'avait pas reçu le soutien des actionnaires, réunis en assemblée générale, concernant son projet d'augmentation de capital de 3,5 milliards d'euros, visant à redresser sa situation financière affectée par la crise sanitaire.

Outre le camouflet des actionnaires concernant son augmentation de capital (qui a reçu l'aval de 61% d'entre eux, contre 66% nécessaires), la direction d'Unibail avait également été contrainte mardi d'accepter trois nouveaux membres au sein de son conseil de surveillance: Léon Bressler, Xavier Niel, et la femme d'affaires espagnole Susana Gallardo.

Nouveau rebondissement vendredi soir. La direction d'URW a annoncé dans un communiqué que le conseil de surveillance, réuni en présence de ses trois nouveaux membres, avait "pris acte de la démission de son mandat de président de Colin Dyer, qui reste membre du conseil".

"Le conseil de surveillance a nommé Léon Bressler en qualité de président avec effet immédiat. Il devient également membre du comité d'audit. Susana Gallardo devient membre du comité de la gouvernance et des nominations. Xavier Niel devient membre du comité des rémunérations", est-il précisé.

Quatre autres membres ont également démissionné du conseil: Jacques Stern, vice-président, Jacqueline Tammenoms Bakker, Sophie Stabile et Philippe Collombel.

Stratégie américaine contestée

MM. Bressler et Niel mettent notamment en cause le rachat en juin 2019 du géant anglo-saxon Westfield pour plus de 20 milliards d'euros, qui a endetté la foncière, et réclament la cession des centres acquis aux Etats-Unis à cette occasion.

Mardi, Léon Bressler avait affirmé que les opposants voulaient "travailler avec les instances (du groupe), nous allons faire un travail de fond sur les politiques à mettre en oeuvre pour améliorer la situation de l'entreprise, qui n'a pas de problèmes de liquidités".

"On s'est plaint de la gouvernance de cette entreprise mais on ne tient pas à passer par-dessus cette gouvernance, on tient à ce qu'il y ait une gouvernance renouvelée", avait renchéri Xavier Niel.

De son côté, le président du directoire de la foncière, Christophe Cuvillier, avait indiqué que le groupe "prenait acte" des votes exprimés contre l'augmentation de capital, mais qu'il comptait "bien sûr mettre en oeuvre les autres volets du plan stratégique +Reset+ (cessions d'actifs, réduction du dividende en numéraire, réduction des dépenses d'investissements) qui restent indispensables à l'atteinte de nos objectifs de désendettement".

"Si la critique est bienvenue", l'opération menée par les opposants "n'est pas ma conception du dialogue actionnarial", avait également déploré M. Cuvillier.

Plombé par les confinements et les fermetures de commerces pour tenter de freiner la pandémie, le groupe a subi une perte nette de 5,45 milliards d'euros sur les neuf premiers mois de l'année 2020.

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