Paris (awp/afp) - Le conseil de surveillance d'Unibail-Rodamco-Westfield (URW) a nommé mercredi un nouveau président à la tête de son directoire, scellant la victoire des opposants à la stratégie de la direction sortante du géant des centres commerciaux, et le succès de la fronde d'actionnaires menée avec l'entrepreneur Xavier Niel.

"Lors de sa réunion du 18 novembre 2020, le conseil de surveillance d'Unibail-Rodamco-Westfield SE (URW) a nommé M. Jean-Marie Tritant président du directoire d'URW SE, succédant à M. Christophe Cuvillier le 1er janvier 2021", a annoncé le groupe dans un communiqué de presse publié en soirée sur son site internet.

Ce changement de présidence intervient moins d'une semaine après la prise de contrôle du conseil de surveillance du groupe par les opposants à la désormais ex-direction, avec l'élection à sa tête de Léon Bressler, ex-patron du géant des centres commerciaux qui a mené une fronde d'actionnaires avec M. Niel.

"Durant la phase de transition, à compter du 19 novembre 2020, M. Tritant occupera les fonctions de directeur général des opérations Groupe d'URW", a précisé le groupe.

M. Tritant occupait jusqu'alors la présidence du directoire d'URW N.V.

Depuis un peu plus d'un mois, un consortium d'actionnaires mené par Léon Bressler, ancien PDG de 1992 à 2006 de la foncière, et Xavier Niel, entrepreneur aux multiples casquettes qui a notamment fondé Iliad, la maison mère de l'opérateur Free, appelait à un changement de stratégie radical pour le groupe qui détient notamment le Forum des Halles à Paris.

MM. Bressler et Niel mettaient en cause le rachat en juin 2019 du géant anglo-saxon Westfield pour plus de 20 milliards d'euros, qui a endetté la foncière, et réclamaient la cession des centres acquis aux Etats-Unis à cette occasion.

Les deux hommes, qui contrôlent de concert un peu plus de 5% de la foncière, ont lancé la fronde à la mi-octobre. Le groupe se trouvait alors dans une situation difficile et son cours de Bourse évoluait au plus bas depuis les années 1990, mis à mal par la fermeture de nombre de ses centres commerciaux pendant de longues semaines, conséquence de la crise sanitaire.

Fronde éclair

En réponse, la direction avait annoncé pendant l'été une gigantesque augmentation de capital, de 3,5 milliards d'euros, une opération qui allait, selon ses opposants, diluer la valeur du groupe pour les actionnaires.

Les frondeurs ont donc proposé un plan alternatif, passant par la revente de tous les centres commerciaux américains. Devant le refus de la direction, ils ont lancé la bataille, avec comme première victoire, le 10 novembre, le rejet par les actionnaires du plan de la direction (il avait reçu l'aval de 61% d'entre eux, contre 66% nécessaires) et l'entrée au conseil de surveillance de trois nouveaux membres: Léon Bressler, Xavier Niel et la femme d'affaires espagnole Susana Gallardo.

Ils ont pris le contrôle, trois jours plus tard, du conseil de surveillance, après avoir pourtant affirmé vouloir "travailler avec les instances (du groupe)", selon M. Bressler. L'épilogue est venu mercredi avec le départ annoncé de M. Cuvillier.

D'ici au 1er janvier, "une phase de transition s'ouvre pour URW. Je suis heureux que Christophe Cuvillier ait accepté de la mener au service du groupe. Sa longue expérience en tant que président du directoire, notamment dans la phase de crise sanitaire et économique actuelle, sera très précieuse", a déclaré Léon Bressler, cité dans le communiqué.

"Durant cette phase de transition, j'oeuvrerai comme toujours à protéger le groupe et à l'aider à traverser cette crise majeure", a promis Christophe Cuvillier.

Jean-Marie Tritant a tenu pour sa part à "saluer le travail inlassable accompli par Christophe Cuvillier à la tête d'URW depuis 2013 et son engagement pour assurer la période de transition qui s'ouvre".

afp/jh