L'Italie maintient les conditions imposées à l'offre d'UniCredit sur Banco Bpm alors qu'elle se prépare à engager des discussions avec la banque dirigée par Andrea Orcel, dans un dossier qui a attiré l'attention de la Commission européenne.

C'est ce qu'ont indiqué deux sources proches du dossier.

UniCredit a enregistré un bénéfice trimestriel record, supérieur aux attentes, mais le directeur général Orcel a déclaré que la banque chercherait à obtenir des éclaircissements concernant la décision du gouvernement sur Banco Bpm, certains éléments étant jugés "peu clairs et non souhaités".

Si ces précisions ne sont pas fournies, UniCredit, a précisé Orcel, décidera de manière autonome comment interpréter ces prescriptions et s'il convient de poursuivre l'opération.

Selon d'autres personnes informées du processus, la décision de Rome pourrait être difficile à défendre devant les tribunaux, mais une action en justice risquerait d'envenimer le conflit entre UniCredit et le gouvernement.

Les deux sources précédemment citées ont indiqué que Rome dialoguera avec UniCredit, comme demandé par la banque, mais que cela s'inscrit dans une procédure définie permettant au gouvernement de surveiller la mise en oeuvre rapide des conditions imposées. Le non-respect de ces conditions peut entraîner des sanctions financières.

UniCredit avait auparavant déclaré que les exigences, notamment la cessation de ses activités en Russie sous neuf mois et le maintien d'un certain ratio prêts/dépôts, pourraient lui être défavorables et l'empêchaient de prendre une décision définitive sur l'offre.

Les discussions prévues impliquent des experts techniques, comme des juristes, des deux parties. Le ministre de l'Économie, Giancarlo Giorgetti, n'a pas prévu de rencontrer Orcel, a précisé l'une des sources.

L'Italie a eu recours au "golden power", un dispositif lui permettant de bloquer ou de conditionner les acquisitions d'entreprises étrangères et nationales dans des secteurs stratégiques, notamment l'énergie, les télécommunications et les banques.

Le gouvernement a affirmé vouloir protéger les intérêts stratégiques du pays en évitant "le moindre risque" de favoriser l'économie russe, où UniCredit est active.

L'application de ces règles par Rome dans le dossier UniCredit-Bpm a incité Bruxelles à demander des explications, soulevant la perspective d'une procédure d'infraction, les règles de l'Union européenne faisant de la Banque centrale européenne la seule autorité compétente en matière de fusions bancaires.

"La Commission a demandé davantage d'informations sur ce dossier", a déclaré Olof Gill, porte-parole de la Commission européenne pour les services financiers, lors d'une rencontre avec la presse.

"Les restrictions aux libertés fondamentales ne sont autorisées que si elles sont proportionnées, fondées sur des intérêts publics légitimes et, surtout, si elles ne violent pas le droit de l'Union européenne", a ajouté Gill.

Avant-hier, Giorgetti avait défendu le droit du gouvernement de contrôler les accords bancaires, affirmant que les États membres, et non la Commission européenne, sont responsables de la sécurité nationale.

(Traduit par Jasmine Mazzarello, édité par Stefano Bernabei)