Le gendarme des marchés financiers italien, la Consob, a alerté vendredi sur le manque d'alignement réglementaire avec la Banque centrale européenne (BCE), qui engendre des frictions dans la supervision de la récente vague de transactions bancaires en Italie.

Le secteur bancaire du pays a été le théâtre, au cours de l'année écoulée, d'une série d'offres et de propositions, dont l'offre publique d'échange intégralement en actions d'UniCredit sur sa consoeur plus petite Banco BPM, tissant ainsi un réseau complexe de transactions entre certains des plus grands acteurs du secteur.

Dans un discours prononcé à l'occasion de l'assemblée annuelle de la Consob à Milan, le président de l'autorité, Paolo Savona, a évoqué les « difficultés » rencontrées dans la coordination avec la BCE lors de l'évaluation de six offres publiques d'acquisition et d'échange d'actions apparues depuis la fin 2024.

« Bien que la Consob ait signé un protocole d'accord (avec la BCE) engageant un échange d'informations sans nécessité de rappels formels spécifiques, des difficultés de dialogue sont survenues, créant des incertitudes quant aux délais de réponse », a souligné Savona.

Nombre de ces opérations bancaires reposent fortement sur des mécanismes d'échange d'actions -- des dispositifs sensibles aux fluctuations de marché et scrutés de près par les investisseurs internationaux.

« Ces structures dépendantes du prix requièrent une supervision rapide et coordonnée », a ajouté Savona.

La BCE a décliné tout commentaire sur le sujet.

La vague d'offres qui secoue l'Italie oppose la deuxième banque du pays, UniCredit, au gouvernement, à propos de son projet d'offre publique d'échange sur Banco BPM.

L'Italie a invoqué ses « pouvoirs spéciaux » pour encadrer l'offre d'UniCredit, invoquant des préoccupations de sécurité nationale.

Savona a rappelé que ces règles italiennes -- initialement instaurées comme mesure exceptionnelle contre les OPA hostiles -- sont devenues un outil fourre-tout, avec une multiplication des interventions gouvernementales pour gérer les menaces perçues émanant d'investissements étrangers.

Il a estimé qu'il était urgent d'aligner ces dispositifs nationaux avec les obligations des traités européens, alors que des discussions sont en cours au niveau de l'UE sur la réforme des investissements directs étrangers.

(Reportage de Giancarlo Navach, reportages additionnels de Valentina Za, rédaction de Giselda Vagnoni, édition de Jan Harvey)