Milan (awp/afp) - La deuxième banque italienne Unicredit a décidé mardi de choyer encore davantage ses actionnaires après avoir en 2022 triplé son bénéfice net, le meilleur depuis une décennie, dans un contexte de hausse des taux d'intérêt.

Unicredit a largement dépassé ses objectifs avec un bénéfice net de 6,5 milliards d'euros (un peu plus un francs suisses), nettement supérieur aux attentes des analystes, qui tablaient en moyenne sur 5,07 milliards d'euros.

Du coup, la banque a annoncé son intention de redistribuer cette année à ses actionnaires 5,25 milliards d'euros sous forme de dividendes et rachats d'actions, en hausse de 40% par rapport à 2022.

Les résultats d'Unicredit ont été obtenus grâce à "un contexte de taux d'intérêt favorable" et la "réduction des coûts", "malgré une inflation sans précédent", a commenté devant des journalistes son patron Andrea Orcel.

En dépit des incertitudes pesant sur l'économie mondiale, Unicredit prévoit de dégager en 2023 un bénéfice net comparable à celui enregistré l'an dernier.

Unicredit a largement dépassé son objectif pour 2022, fixé en octobre à plus de 4,8 milliards d'euros, en excluant l'impact de la Russie.

La Bourse euphorique

Ces annonces ont été accueillies avec enthousiasme à la Bourse de Milan, où le titre s'envolait de 8,44% à 17,27 euros vers 10h15.

Alors que l'action était retombée autour de 8 euros en mai 2022, elle a retrouvé des couleurs, gagnant 30% depuis le début de l'année 2023 et récupérant son niveau d'avant la guerre en Ukraine.

Au quatrième trimestre, le bénéfice net s'est élevé à 2,5 milliards d'euros, dépassant là aussi les attentes des analystes.

Le chiffre d'affaires du groupe a augmenté de 13,6% à 20,34 milliards d'euros en 2022.

Le revenu net d'intérêts a bondi de 18,6% à 10,69 milliards d'euros l'an dernier, porté par la hausse des taux sur les marchés. Les commissions ont connu une progression plus limitée, de 1% à 6,84 milliards d'euros.

Le ratio de fonds propres (CET1) de la banque, indice très suivi par les analystes car il mesure sa capacité à faire face à des crises, est passé à 16%, contre 15,03% un an auparavant.

Unicredit, qui figurait parmi les banques européennes les plus exposées à la Russie, avait entamé en mai des discussions "préliminaires" en vue d'une possible vente de sa filiale russe mais le projet n'a pas avancé depuis.

"La chose à faire est de se retirer" du pays "sans laisser de l'argent à la Russie", a commenté M. Orcel. "Donner en cadeau une banque qui vaut 3 milliards d'euros n'est pas la bonne façon de respecter les sanctions", a-t-il fait valoir.

La banque italienne a cependant graduellement diminué son exposition à la Russie en attendant de s'en désengager.

Exposition à la Russie réduite

Ainsi, depuis mars 2022, peu après le début de l'invasion de l'Ukraine, l'"exposition transfrontalière" à la Russie a été réduite de 66% à 1,6 milliard d'euros.

La perte maximale qu'Unicredit risque de subir dans le scénario extrême d'une dépréciation totale de ses activités en Russie est estimée entre 1,5 et 1,7 milliard d'euros, que la banque pourrait absorber sans difficulté, selon M. Orcel.

La filiale d'Unicredit en Russie, où la banque est présente depuis 2005, a réduit ses effectifs à environ 3500 personnes, contre plus de 4000 auparavant, et le gros de sa clientèle est européenne.

Après l'échec de ses négociations ardues avec l'Etat sur le rachat de la banque Monte dei Paschi di Siena (MPS), Unicredit avait indiqué en octobre 2021 vouloir tourner la page et se concentrer sur son plan stratégique.

Ce plan "dégage beaucoup plus de valeur que toute fusion-acquisition que nous pourrions faire", a estimé M. Orcel. Une telle opération ne se ferait que "si elle apporte de la valeur" aux actionnaires.

"Si dans l'avenir, peut-être un avenir très lointain, il y a une opportunité" de rapprocher MPS et Unicredit, "nous verrons", a-t-il dit. Mais pour l'instant, les conditions pour un tel rapprochement "ne sont pas réunies".

afp/jh