La Haye (awp/afp) - Confiné, le consommateur a cessé de sortir manger une glace, mais a stocké des produits ménagers: Unilever, le fabricant de Magnum ou de Dove, a bien tiré son épingle du jeu au premier trimestre, et anticipe des changements consuméristes à cause du nouveau coronavirus.

Le géant anglo-néerlandais de l'agroalimentaire et des cosmétiques aux 400 marques, dont Knorr, Lipton, Dove ou encore Magnum, a fait état jeudi d'une légère hausse de son chiffre d'affaires au premier trimestre.

Mais la grande inconnue de la durée de l'épidémie et des mesures de confinement a conduit Unilever à retirer toutes ses prévisions pour l'année face à l'impact "sans précédent" du nouveau coronavirus.

"Nous nous adaptons aux nouvelles formes de la demande et nous nous préparons à des changements durables dans le comportement des consommateurs, dans chaque pays, alors que nous sortons de la crise et que nous nous redressons", a déclaré dans un communiqué le directeur général du groupe Alan Jope.

Le chiffre d'affaires d'Unilever, qui ne publie pas de bénéfice net sur la période, s'est établi à 12,4 milliards d'euros (13,0 milliards de francs suisses), en hausse de 0,2% en glissement annuel.

La plupart des principaux marchés, en dehors de la Chine, ont enregistré des tendances de vente normales en janvier et février. En mars, le groupe a bénéficié du "stockage" des ménages en Europe et en Amérique du Nord.

"Nouvelle normalité"

Les investisseurs se sont montrés frileux après la publication des résultats du célèbre fabriquant de glaces. Coté à la Bourse d'Amsterdam, Unilever perdait 4,50% à 44,71 euros vers 11H00 (09H00 GMT) au sein d'un indice AEX en baisse de 0,62%.

Unilever, qui a fait des dons, notamment de savon et de désinfectant, à hauteur de 100 millions d'euros, se projette déjà dans une "nouvelle normalité".

Cela se traduit par une réévaluation constante des coûts, investir dans les marques les plus rentables et réallouer les ressources en fonction des meilleures opportunités, explique le directeur général.

D'un côté, le groupe constate une hausse des ventes des produits d'hygiène, des produits alimentaires consommés à la maison et des produits ménagers, "stockés" par les consommateurs.

De l'autre, il doit faire face à "un quasi-arrêt de la consommation hors domicile", ce qui affecte particulièrement ses services de restauration et les ventes de glaces, qui souffrent particulièrement du confinement dans de nombreux pays.

En temps normal, le secteur des glaces représente un chiffre d'affaires annuel de 3 milliards d'euros. Cette perspective fond comme neige au soleil cette année.

La branche "Nourriture et rafraîchissement" a enregistré une baisse de 1,7% des ventes sous-jacentes au premier trimestre, une tendance qui risque de se confirmer dans les mois à venir.

Le secteur restera fortement impacté, prévoit Graeme Pitkethly, directeur financier d'Unilever, qui vend environ 70% de ses glaces au cours des deuxième et troisième trimestres, rapporte l'agence de presse néerlandaise ANP.

"On ne va pas y arriver si les habitants de nombreux pays doivent encore rester chez eux", lâche M. Pitkethly, cité par l'ANP.

Unilever s'était fixé pour l'horizon 2020 une hausse des ventes à périmètre comparable comprise entre 3% et 5%, une amélioration de la marge opérationnelle sous-jacente et des flux de trésorerie importants.

Au premier trimestre, les ventes sous-jacentes sont restées stables (0,0%), avec une hausse des volumes (0,2%) et une baisse des prix (0,2%).

Le groupe propose un dividende trimestriel de 0,4104 euros, payable en juin.

afp/jh