Eliott chez BP ou Anglo American, Palliser chez Rio Tinto, Eminence chez Reckitt, Cevian chez Smith & Nephew, Gatemore chez Watches of Switzerland ou Ken Dart chez British American Tobacco et Imperial... Les exemples foisonnent, et Trian Partners chez Unilever n’est pas en reste.
Auréolé de leur succès chez P&G, Nelson Peltz et ses équipes pensent détenir la recette magique pour remettre sur pied les grands conglomérats des biens de consommation courants, qui passé leur heure de gloire au début du siècle ont tous eu tendance à plier sous leur propre poids — et celui de leur bureaucratie. En témoignent entre autres les récentes déboires de Nestlé.
Entré au capital d’Unilever à la fin de la pandémie, Trian a imposé Hein Schumacher à sa direction avec un mandat clair : couper dans le gras et évacuer le bois mort. C’est ce que le néerlandais s’est échiné à faire par l’intermédiaire de nombreuses suppressions de postes, la vente — bradée — des actifs en Russie et la cession à venir de la division crèmes glacées, propriétaire notamment des marques Miko, Magnum et Ben & Jerry.
Avec une réussite mitigée, il faut le dire. Malgré le retour de la croissance, les marges — loin d’atteindre celles de P&G — patinent et le profit d’exploitation est en 2024 identique à celui réalisé cinq ans plus tôt. Même stagnation au niveau des distributions de capital aux actionnaires, qui atteignent €5.8 milliards cette année, dont un tiers via des rachats d’actions.
Sur les douze mois écoulés, le portefeuille de marques affiche une croissance de 4.2%, bien ventilée entre hausses des prix et des volumes ; mais le chiffre d’affaires consolidé ne progresse que de 1.9% suite aux cessions d’actifs et changements de périmètre. Schumacher a prévenu que ces reconfigurations allaient se poursuivre. Les prévisions de croissance sont à ajuster en fonction.
L’année vient par ailleurs confirmer les dynamiques observées chez Unilever depuis déjà longtemps, avec une croissance surtout tirée par les divisions santé et beauté, tandis que les divisions produits domestiques et alimentation traînent un peu la patte. Un temps pressenti pour être vendue — lorsque Unilever pensait acquérir l’activité santé grand public de GSK — cette dernière restera finalement dans l’escarcelle du groupe.
Même point de vigilance avec la contre-performance en Asie, où la croissance est moindre qu’en Europe alors qu’en dépend directement 43% du chiffre d’affaires consolidé d’Unilever. Ce sera à ne pas en douter l’objet de toutes les attentions de Hein Schumacher en 2025. Pas étonnant dans ce contexte que le marché ait accueilli avec réserve les résultats annuels publiés hier.