(Reuters) - Royal Dutch Shell a annoncé lundi son intention de déplacer son siège social ainsi que sa résidence fiscale de La Haye, aux Pays-Bas, à Londres et de supprimer son système de cotation d'actions en deux catégories afin de simplifier son organisation et de satisfaire ses actionnaires alors qu'il est engagé dans une épineuse transition énergétique.

Le géant pétrolier anglo-néerlandais prévoit également de retirer "Royal Dutch" de son nom au profit de Shell Plc.

"(Cette) simplification est conçue pour renforcer la compétitivité de Shell et accélérer à la fois les distributions aux actionnaires et la mise en oeuvre de sa stratégie visant à atteindre la neutralité carbone", a déclaré le groupe.

"La structure d'actions complexe actuelle est soumise à des contraintes et pourrait ne pas être viable à long terme", a-t-il expliqué.

Shell, qui entend se concentrer sur sa cotation à Londres mais qui restera présent sur les Bourses d'Amsterdam et de New York, gagnait 2,23% dans la matinée.

"Nous voyons des mérites dans la restructuration proposée de la structure de capital et de la résidence fiscale de Shell. Entre autres avantages, les changements proposés augmenteront la capacité de Shell à racheter des actions", ont observé les analystes de Jefferies dans une note.

De son côté, le gouvernement néerlandais s'est dit "désagréablement surpris" par la nouvelle du transfert du siège du groupe.

"Nous sommes en dialogue avec la direction de Shell sur les conséquences de ce plan pour l'emploi, les décisions cruciales d'investissement et la durabilité", a réagi lundi le ministre des Affaires économiques et de la Politique climatique Stef Blok.

Le ministre britannique des Entreprises Kwasi Kwarteng a quant à lui salué la décision de Shell, citant "un vote de confiance clair" dans l'économie nationale.

La mise en oeuvre des mesures proposées par Shell devra obtenir le feu vert de 75% des actionnaires lors d'une assemblée générale prévue le 10 décembre.

PRESSION SUR UNE SCISSION

Les annonces de Shell interviennent quelques semaines après que le fonds activiste Third Point a pris une importante participation au capital du groupe, l'exhortant à se scinder en deux entreprises distinctes.

Les grands groupes cotés font face à une pression croissante pour simplifier leur structure, ce qui a poussé la semaine dernière General Electric, Toshiba ou encore Johnson & Johnson à annoncer une scission de leurs activités.

Shell était par ailleurs depuis longtemps en conflit avec les autorités néerlandaises au sujet de la retenue à la source sur les dividendes, que le groupe cherchait à éviter de payer grâce à ses deux catégories d'actions.

Le gouvernement néerlandais a tenté en 2018 de supprimer cette retenue à la source afin de conserver aux Pays-Bas le siège des grandes sociétés comme Shell et Unilever mais le Parlement s'y était alors opposé.

L'an dernier, Unilever a fusionné ses entités juridiques britannique et néerlandaise en une holding dont le siège est situé désormais à Londres.

(Reportage Sachin Ravikumar et Shadia Nasralla, version française Juliette Portala, édité par Blandine Hénault)

par Shadia Nasralla et Sachin Ravikumar