A ce différend stratégique sur Nord Stream 2 sont venues s'ajouter les tensions sur la situation à la frontière ukrainienne, Washington ayant indiqué avoir obtenu de Berlin des garanties sur des mesures contre le gazoduc en cas d'offensive russe contre l'Ukraine.

Initialement attendue en 2019, la fin des travaux de Nord Stream 2 a été retardée par les menaces de sanctions de l'administration de l'ancien président américain Donald Trump qui ont provoqué notamment le retrait de la firme helvético-néerlandaise Allseas, spécialisée dans les travaux sous-marins.

Nord Stream 2, chapeauté par le géant gazier public russe Gazprom et financé en partie par des compagnies énergétiques européennes dont l'allemand Uniper et le français Engie, est censé permettre à la Russie de fournir à l'Allemagne deux fois plus de gaz tout en contournant l'Ukraine.

"Je souhaite féliciter Gazprom et vos partenaires dans Nord Stream 2 pour la finalisation des travaux et la création de cette grande liaison supplémentaire qui est prête à fonctionner", a déclaré Vladimir Poutine lors d'une réunion gouvernementale à laquelle prenait part le patron de Gazprom, Alexeï Miller.

EN ATTENTE DE CERTIFICATION

La certification de Nord Stream 2 par les autorités allemandes n'est pas attendue avant la fin du premier semestre 2022.

Alors que l'Europe connaît une flambée inédite des prix du gaz sur fond de rebond économique post-crise sanitaire et d'une forte demande en énergie, certains politiciens et experts accusent la Russie de limiter ses exportations de gaz, s'en servant comme moyen de pression sur l'Occident dans l'attente de la certification de Nord Stream 2.

Vladimir Poutine a déclaré mercredi que le démarrage du gazoduc sous-marin permettrait de réduire les prix du gaz en Europe ainsi qu'en Ukraine du fait d'un approvisionnement accru.

"Cela aura à coup sûr un impact immédiat sur les prix sur les marchés. Et tous les pays, tous les consommateurs dans ces pays qui utilisent du gaz russe, le ressentiront eux aussi", a dit le président russe.

La hausse des prix du gaz en Europe s'est accentuée depuis que les livraisons via le gazoduc Yamal-Europe, circuit majeur d'acheminement de gaz russe, ont été redirigées plus tôt ce mois-ci vers l'est au détriment de l'ouest.

D'après les données du site spécialisé allemand Gascade mercredi, le gaz a été acheminé d'Allemagne vers la Pologne pour une neuvième journée consécutive. (Reportage Vladimir Soldatkin; version française Jean Terzian, édité par Matthieu Protard)