New York (awp/afp) - Les grandes compagnies aériennes américaines sont revenues à la rentabilité au deuxième trimestre grâce à l'envie retrouvée pour les voyages en avion, mais faute de personnel suffisant et face à des coûts grandissants, elles se gardent encore de proposer autant de vols qu'avant la pandémie.

American Airlines et United Airlines ont dégagé sur la période un bénéfice d'exploitation, sans aides du gouvernement, pour la première fois depuis le début de la pandémie. Delta avait déjà passé cette étape au troisième trimestre 2021.

Après deux ans de restrictions sanitaires, de nombreux clients ont envie de voyager et étaient prêts à payer le prix cher.

Le chiffre d'affaires d'American a grimpé de 12% par rapport à 2019, la période de référence dans le transport aérien du fait des conséquences de la pandémie sur l'activité des années 2020 et 2021, pour atteindre 13,4 milliards de dollars, un record. Celui de Delta a progressé de 10%, à 13,8 milliards de dollars, et celui de United de 6%, à 12,1 milliards.

Et ce alors même que les compagnies offraient moins de places qu'en 2019: 8,5% de capacités en moins chez American, 15% chez United et 18% chez Delta.

Les billets vendus pour loisirs à l'intérieur des Etats-Unis ont dépassé le niveau de 2019 tandis que la demande pour les voyages d'affaires et les vols internationaux a continué à se redresser.

Cela a permis de compenser la forte hausse des prix du kérosène et d'autres coûts, notamment salariaux.

Les compagnies ont aussi dû affronter d'importantes difficultés opérationnelles en juin, entre les intempéries, des problèmes ponctuels de contrôle du trafic aérien et le manque de personnel. Par conséquent, de nombreux vols ont été annulés ou sont arrivés en retard.

Voyages d'affaires

Les bénéfices des compagnies restent inférieurs à ceux d'avant la pandémie. Et même si leurs dirigeants assurent que leur objectif est d'y revenir, le secteur est "intrinsèquement devenu moins profitable", estime Peter McNally, de la société d'investissement Third Bridge.

Avec les réunions en téléconférence, il est probable que les voyages d'affaires, qui fournissent aux compagnies aériennes une grosse partie de leurs bénéfices, ne se redressent jamais complètement, avance-t-il.

Parallèlement, les coûts du carburant et de personnel devraient encore s'afficher en hausse de près de 30% au second semestre et rester ensuite à un niveau élevé, prédit-il.

Et les clients vont peut-être plus hésiter à payer toujours davantage.

Pour la suite, au vu de la persistance des contraintes, les compagnies se restreignent encore.

Même si elles ont beaucoup recruté pour tenter de parer au plus pressé, il faut notamment du temps pour former les nouveaux arrivés.

Après l'embauche de 18.000 personnes depuis 2021, le nombre de postes chez Delta par exemple est à 95% ce qu'il était avant la pandémie alors que ses capacités sont à 85%, a relevé son patron, Ed Bastian, lors d'une conférence téléphonique. Le problème est désormais plus une question "de formation et d'expérience".

American prévoit de voler au troisième trimestre entre 8% et 10% sous ses capacités d'avant la pandémie, United à 11% et Delta entre 15% et 17%.

Pendant combien de temps encore les compagnies vont-elles se limiter? "Cela dépend des chaînes d'approvisionnement, des constructeurs d'avions ainsi que de la disponibilité des pilotes", a avancé le patron d'American, Robert Isom.

Sa compagnie attend des livraisons d'appareils, et "il n'y a pas une journée où on n'a pas de difficultés à approvisionner un vol en oreillers, couvertures, tasses en plastique et nourriture", a-t-il détaillé lors d'une conférence téléphonique. "Parfois, nous avons des problèmes à remplir les réservoirs."

En plus des défis au quotidien, le patron de United, Scott Kirby, a évoqué la hausse des prix du kérosène et "la possibilité grandissante d'un ralentissement économique ou d'une récession".

Pour Peter McNally, "certaines des pressions opérationnelles s'atténueront" avec la fin des vacances d'été, permettant ainsi aux compagnies "de rattraper leur retard en matière d'embauche, de formation et de planification".

Mais, avance-t-il, les tarifs plus élevés qui leur ont permis de revenir à la rentabilité pourraient aussi "se tasser".

A Wall Street, l'action d'American perdait à la mi-séance 8%, celle de United 9,5% et celle de Delta 3%.

afp/rp