Londres (awp/afp) - Les cours des métaux industriels se sont repris en fin de semaine sur la Bourse des métaux de Londres (LME), après la confirmation d'une rumeur de marché selon laquelle le LME envisagerait l'interdiction des métaux russes.

Jusque-là, les métaux de base poursuivaient leur baisse, subissant de plein fouet les craintes de récession mondiale qui pèsent sur la demande, dans un contexte de prix de l'électricité élevés qui pèsent sur les fonderies des métaux, très énergivores.

Le London Metal Exchange a confirmé jeudi, dans un communiqué signé par son PDG Matthew Chamberlain, étudier l'option de la publication d'un document recueillant l'avis du marché quant à "l'acceptabilité du métal russe sur le marché".

Selon la presse financière, le document intégrerait la possibilité d'interdire l'entrée de nouveaux métaux russes sur le marché, faisant craindre aux investisseurs une pénurie et poussant les cours vers le haut.

"Aucune décision n'a encore été prise quant à la publication d'un tel document", précise le LME.

Jusqu'à présent, le LME s'est conformé aux sanctions occidentales contre la Russie après l'invasion de l'Ukraine, qui ne s'appliquent pas pour le moment au commerce des métaux.

Sur le LME, "c'est surtout le prix du nickel qui a réagi, car la Russie est l'un des principaux fournisseurs des marchés mondiaux, avec près de 10% de la production et 15% des exportations mondiales", expliquent les analystes de Commerzbank.

"Comme certaines entreprises occidentales boycottent de toute façon volontairement les importations de métaux en provenance de Russie, l'impact d'une éventuelle interdiction du LME pourrait s'avérer plus faible que prévu", tempèrent-ils néanmoins.

Si le nickel s'est repris en fin de semaine avec cette nouvelle, il n'a pas effacé ses pertes sur sept jours, s'échangeant à 22.100,00 dollars la tonne sur le LME vers 15H15 GMT (17H15 à Paris), contre 23.411,00 dollars la tonne le vendredi précédent à la clôture.

Comme le nickel, l'aluminium est également dépendant des exportations russes, le groupe russe Rusal figurant parmi les premiers producteurs industriels d'aluminium au monde.

L'aluminium, qui avait touché mercredi un plus bas depuis février 2021 à 2.080,50 dollars la tonne, a grimpé après la nouvelle, évoluant désormais à 2.180,00 dollars la tonne contre 2.165,00 dollars à la clôture sept jours plus tôt.

Rebond doré

Le prix de l'or a légèrement augmenté sur sept jours, un mouvement modéré qui masque une semaine de turbulences sur le marché aurifère dans le sillage des perturbations sur les devises et les obligations.

Mercredi, l'once ne coûtait que 1.614,96 dollars, un prix au plus bas depuis avril 2020, l'or ployant face au dollar, qui profite de la politique déterminée de la Réserve fédérale américaine (Fed) et de la santé de l'économie aux Etats-Unis.

"La Fed monte ses taux dans une économie vigoureuse et cela force les autres banques centrales à monter les leurs dans des économies en berne", note Ole Hansen, analyste chez Saxo Bank.

Les taux plus élevés fait monter le rendement des obligations d'Etat, et rend par comparaison l'or, métal sans rendement, moins attractif.

Dans ce contexte, le marché surveillera la semaine prochaine le rapport sur l'emploi américain, qui pourrait influencer la direction du dollar.

"Un marché du travail qui résiste pourrait pousser la Fed à remoneter ses taux encore plus haut", explique à l'AFP Han Tan, analyste chez Exinity, tandis que "des signes de détérioration de l'emploi américain pourraient soulager le cours du lingot".

L'once d'or s'échangeait pour 1.673,73 dollars, contre 1.643,94 dollars une semaine plus tôt en fin d'échanges.

Chaud cacao

Les cours du cacao profitaient à Londres d'une livre sterling moribonde, décollant jusqu'à un sommet depuis deux ans, quand à New York ils se relevaient d'un plus bas atteint en début de semaine, plus proches des fondamentaux du marché, à savoir une production importante et un flou sur la demande.

Mercredi, la tonne de cacao à Londres a culminé à son prix le plus haut depuis deux ans, à 1.930 livres sterling la tonne.

S'échangeant en livres, le cacao profitait pleinement à Londres de la déroute totale de la devise britannique, qui avait plongé lundi jusqu'au niveau le plus bas de son histoire face au dollar.

C'est une aubaine pour les acheteurs, rendant les produits dont le commerce se fait en livres sterling beaucoup plus attractifs en augmentant considérablement le pouvoir d'achat des investisseurs utilisant d'autres devises.

Jack Scoville, de Price Futures Group rappelle néanmoins que les perspectives "d'une production importante et d'une demande incertaine sont toujours d'actualité", même si "les rapports en provenance d'Afrique indiquent que la demande s'est améliorée dernièrement".

Sur la semaine, le cacao à New York décollait à peine de son plus bas depuis mars 2021, atteint lundi, à 2.192 dollars la tonne.

À Londres, la tonne de cacao pour livraison en décembre valait 1.910 livres sterling, contre 1.857 livres sterling vendredi dernier en fin de séance.

À New York, la tonne pour livraison en décembre se vendait 2.367 dollars, contre 2.247 dollars vendredi dernier.

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