C’est que le groupe basé à Atlanta fait face à deux vents contraires de forte intensité : la concurrence d’Amazon, dont la densité, la qualité et la compétitivité du réseau ne cessent de monter en puissance ; et la récession, bel et bien réelle aux Etats-Unis, et susceptible de s’aggraver si le sujet des barrières douanières se concrétise pour de bon.
Concernant Amazon, c’est une double peine pour UPS, car avant d’être un concurrent, le géant du e-commerce était aussi le premier client du transporteur. L’année dernière, il lui rapportait encore 12% de son chiffre d’affaires, quoique à des marges très faibles. Perdre un client, gagner un concurrent : UPS ne pouvait craindre pire.
Aux Etats-Unis, Amazon traite désormais le même volume quotidien de colis que UPS et FedEx. Le groupe de Seattle, qui a par ailleurs commencé à assurer la logistique de commerçants tiers — ceux qui ne passent pas par sa plate-forme — s’appuie sur un extraordinaire avantage compétitif : la profitabilité hors-normes de son activité cloud, qui l’aide à financer le développement de son activité logistique.
Concernant les barrières douanières imposées — ou en voie d’être imposées, car rien n’est vraiment clair à ce stade — aux Etats-Unis, Zonebourse estime qu’elles pourraient impacter plus d’un tiers du volume du segment international de UPS, qui lui-même représente un bon cinquième de son chiffre d’affaires consolidé. Double peine là encore pour le transporteur, qui avait commencé en 2024 à traiter les colis de Shein et Temu.
La conjoncture, sans doute, s’améliorera un jour. En revanche, le grand défi reste de remplacer le volume d’affaires apporté jusque-là par Amazon, et de parvenir à tenir tête à ce dernier maintenant qu’il devient un concurrent à armes égales. Les grandes ambitions d’UPS en la matière — par exemple dans la logistique de spécialité pour des acteurs de la santé — sont intéressantes, mais Zonebourse serait ici d’avis qu’il vaut mieux traiter avec précaution les projections du management, qui en l’état lui semblent bien trop optimistes.
Toutes ces nouvelles renvoient le cours du titre vers ses planchers à dix ans, en même temps qu’elles effacent les gains providentiels obtenus durant la pandémie — épisode au cours duquel la valorisation de UPS avait doublé en l’espace de quelques mois.
Il est vrai qu’en dix ans, si le chiffre d’affaires est passé de $58 à $91 milliards, le profit d’exploitation est lui revenu à son point de départ, forte pression sur les marges oblige. Pourtant, les retours de capital aux actionnaires — dividendes et rachats d’actions — ont considérablement augmenté d’un bout à l’autre de la période.
Zonebourse voit ici une dynamique potentiellement intenable si de nouveaux débouchés ne se concrétisent pas rapidement, ou si la récession gagne en intensité. Le marché voit bien entendu la même chose, comme en témoigne le rendement sur dividende de 6.9% , soit plus du double de sa moyenne à dix ans.
A noter également les importants rachats d’actions en 2022 et 2023 — plus de $5 milliards au total — très mal inspirés, puisque réalisés à des niveaux de valorisation très supérieurs à ceux du moment.