Le géant américain de l’assurance santé UnitedHealth Group fait l’objet d’une enquête pénale du Département de la Justice (DOJ) pour une possible fraude à Medicare, a rapporté mercredi le Wall Street Journal, précisant que l’enquête concerne spécifiquement les pratiques de la société dans le cadre de son programme Medicare Advantage.

Selon le journal, l’unité spécialisée dans la fraude aux soins de santé du DOJ supervise cette enquête, active depuis au moins l’été dernier. Les détails précis des accusations potentielles n’ont pas été divulgués. 

Dans un communiqué, UnitedHealth a déclaré ne pas avoir été informé d’une quelconque enquête criminelle et a défendu l’intégrité de son programme Medicare Advantage. La nouvelle a néanmoins entraîné une chute de 8% de l’action UnitedHealth dans les échanges après la clôture.

Cette révélation intervient au cœur d’une séquence particulièrement difficile pour le groupe. Mardi, son PDG Andrew Witty a quitté ses fonctions de manière inattendue, et la société a suspendu ses prévisions financières pour 2025 en raison d’une envolée des coûts médicaux, faisant plonger l’action de près de 18% à son plus bas niveau depuis quatre ans. Stephen Hemsley, ex-dirigeant du groupe jusqu’en 2017, a été rappelé à la tête de l’entreprise pour tenter de stabiliser la situation.

L’affaire s’inscrit dans un contexte plus large de surveillance renforcée du programme Medicare Advantage, une formule alternative à Medicare standard gérée par des assureurs privés. Ce programme couvre aujourd’hui près de la moitié des 65 millions de bénéficiaires de Medicare aux États-Unis. Les assureurs y sont rémunérés sur une base forfaitaire par patient, mais peuvent recevoir des paiements plus élevés si les assurés présentent plusieurs pathologies. Ce mécanisme incitatif fait l’objet d’un examen approfondi de la part des autorités.

En février, le Wall Street Journal avait déjà révélé une enquête civile pour fraude contre UnitedHealth, portant sur ses pratiques de facturation dans Medicare. La société avait alors affirmé ne pas avoir connaissance d’une nouvelle procédure. Le même mois, le sénateur républicain Chuck Grassley avait lancé sa propre enquête parlementaire, réclamant à UnitedHealth des documents détaillés sur ses procédures de conformité.

La semaine dernière encore, UnitedHealth avait admis dans un rapport réglementaire être “impliqué ou actuellement impliqué dans diverses enquêtes, audits et examens gouvernementaux”, sans en préciser la nature.

Parallèlement, le DOJ a déposé ce mois-ci une plainte contre trois grands assureurs santé américains, les accusant d’avoir versé des centaines de millions de dollars de commissions occultes à des courtiers pour orienter les patients vers leurs contrats Medicare Advantage.

Depuis le début de l’année, le titre UnitedHealth a perdu environ 40% de sa valeur, plombé par les enquêtes, la crise de gouvernance et les retombées médiatiques de l’assassinat, en décembre dernier, de Brian Thompson, alors patron de la branche assurance du groupe. Ce meurtre avait déclenché une vague de critiques sur les réseaux sociaux visant les pratiques du secteur, exacerbant encore les difficultés du géant de l’assurance santé.