Dernièrement, nous évoquions dans nos colonnes la forme retrouvée par les groupes américains d’assurance santé – Cigna, Humana, CVS Health, et bien entendu le principal concerné, UnitedHealth. Nous mentionnions qu’après les importantes difficultés des derniers mois, le secteur a été soulagé par l’augmentation du taux de remboursement accordé par le gouvernement fédéral pour Medicare – le programme d’assurance des personnes de plus de 65 ans – pour l’an prochain. Également, l’assasinat de Brian Thompson, le directeur général de la branche UnitedHealthCare en pleine rue à New York en décembre dernier, avait fait naître de fortes tensions dans la société américaine sur la nature lucrative de l’assurance santé. Elles se sont calmées depuis plusieurs semaines. Enfin, le secteur avait été touché par les mauvais chiffres de certains acteurs, notamment ceux de Cigna et d’Humana. 

Or, tout cela semblait appartenir au passé jusqu’à aujourd’hui.  Le rebond de UnitedHealth de 35% depuis deux mois en était témoin. Mais finalement non. UnitedHealth vient de publier des chiffres inférieurs aux attentes. Sur les trois premiers mois de l’année, les revenus progressent certes de 9,8% à 109,6 Mds$ mais les analystes attendaient 2 Mds$ en plus. 

Mais c’est surtout sur les projections annuelles que le groupe est sanctionné. Initialement projeté dans une fourchette entre 29,5 $ et 30 $, UnitedHealth vise désormais un bénéfice par action entre 26 et 26,5 $. Cela représente une réduction des objectifs d’environ 13%. Il n’y aura donc pas de croissance des profits cette année. 

En cause ? Trois mécanismes. 

Premièrement, le groupe note une progression des soins du programme Medicare Advantage, surtout depuis la fin du trimestre. Cette augmentation est bien plus importante que l’anticipation qui était conforme aux niveaux – déjà élevés – de 2024. 

Deuxièmement, et de façon un peu contradictoire, le groupe fait face à des changements imprévus dans le profil des membres d’Optum – la division services de soins de santé, gestion des prestations pharmaceutiques et technologiques médicales – puisqu’en 2024, moins de personne que prévu ont utilisé certains régimes de santé. Par conséquent, cela a un effet négatif sur les remboursements du gouvernement fédéral que l’entreprise attend pour cette année. 

Enfin, les réductions continues du financement de Medicare par le gouvernement fédéral ont eu un impact plus important que prévu sur les patients complexes. C’est ce même taux de remboursement dont nous évoquions l’augmentation pour 2026 plus haut dans ce papier.