Trois éditeurs de musique demandent à un juge fédéral d'émettre une injonction préliminaire qui empêcherait la société d'intelligence artificielle Anthropic de reproduire ou de distribuer les paroles de leurs chansons protégées par le droit d'auteur.

Universal Music, Concord Music Group et ABKCO Music ont déposé jeudi une requête demandant au tribunal d'exiger qu'Anthropic "mette en place des garde-fous efficaces" qui empêcheraient les modèles d'intelligence artificielle de l'entreprise de reproduire ou de distribuer les paroles de chansons protégées par le droit d'auteur, et d'empêcher l'entreprise d'utiliser ces œuvres pour entraîner de futurs modèles d'intelligence artificielle.

Anthropic n'a pas pu être jointe immédiatement pour un commentaire.

Le 18 octobre, les trois éditeurs ont intenté une action en justice contre Anthropic, accusant la société de San Francisco de violation "systématique et généralisée" de leurs paroles de chansons protégées par le droit d'auteur. Les éditeurs affirment qu'Anthropic a utilisé sans autorisation les paroles d'"innombrables" chansons protégées par le droit d'auteur dans le cadre des "quantités massives de texte" qu'elle extrait d'Internet pour entraîner son assistant d'intelligence artificielle, connu sous le nom de "Claude", à répondre à des demandes humaines.

Selon la plainte, Claude génère des copies identiques ou presque identiques de ces paroles lorsqu'un utilisateur lui demande de fournir les paroles de chansons telles que "Sweet Home Alabama" ou "Every Breath You Take".

L'IA générative d'Anthropic propose même des réponses contenant les paroles des éditeurs lorsqu'on lui demande une série de requêtes, notamment "d'écrire une chanson sur un certain sujet, de fournir des progressions d'accords pour une composition musicale donnée, ou d'écrire de la poésie ou une courte fiction dans le style d'un artiste ou d'un auteur-compositeur donné".

Par exemple, l'action en justice indique que Claude fournira des paroles pertinentes de la chanson "American Pie" de Don McLean lorsqu'on lui demandera d'écrire une chanson sur la mort du pionnier du rock Buddy Holly.

Les éditeurs affirment qu'Anthropic "profite largement" de la violation de leurs répertoires d'œuvres protégées par le droit d'auteur, atteignant une valeur de 5 milliards de dollars tout en ne payant "rien" aux éditeurs ou à leurs auteurs-compositeurs.

"Rien de tout cela ne serait possible sans les vastes quantités d'œuvres protégées par le droit d'auteur qu'Anthropic récupère sur l'internet et exploite", affirme la plainte.

Les éditeurs ont demandé au tribunal des dommages-intérêts pouvant aller jusqu'à 150 000 dollars par œuvre violée, ainsi qu'une injonction de mettre fin à l'infraction présumée. (Reportage de Dawn Chmielewski à Los Angeles ; Rédaction de Mary Milliken et Franklin Paul)