Fréquemment discuté dans ces colonnes, le groupe basé à Denver est un véritable ange déchu de la cote américaine. Son titre fut pendant longtemps l’un des plus performants du SP500, avant que les habituels ingrédients du désastre —  gabegie, acquisitions surpayées, compression des marges, augmentation déraisonnable de l’endettement pour financer des distributions de capital aux actionnaires, rachats d'actions fort mal inspirés, etc. — dégradent sa situation et lui coûtent une valorisation boursière divisée par six.

Avec l’arrivée d’un nouveau directeur général extrêmement talentueux — Bracken Darrell, transfuge de Logitech — renaissait l’espoir. Sauf que la résurrection se fait attendre. Les résultats de l’exercice fiscal 2025, publiés hier, n’indiquent en effet pas d’inflexion de tendance. Au contraire : le chiffre d’affaires baisse de 4.2% et le cash-flow libre est encore divisé par deux par rapport à l’exercice précédent, déjà mauvais.

Les marques The North Face et Timberland affichent toutes deux des croissances atones de 1% et 3%, tandis que Vans et Dickies plongent de 16% et 12%. Au niveau géographique, la dégringolade est prononcée en Amérique du Nord avec des ventes en baisse de 7%. En Europe et au Moyen-Orient, elles baissent de 3%. C’est le marché chinois qui sauve les meubles, avec des ventes qui augmentent de 3%.

Face à cette chute libre, l’urgence est au désendettement. Si V.F. parvient à rembourser $1.8 milliard cette année, c’est grâce au providentiel $1.5 milliard obtenu via la cession de Supreme — V.F. avait payé $2.1 milliards en 2020 pour celle-ci — à EssilorLuxottica, et une cession d’actifs immobiliers pour $88 millions.

Mais il reste encore $3.4 milliards de dette à long terme, sans même compter les baux d’exploitation. Faute de redressement très rapide de ses opérations, V.F. risque l’insolvabilité, à moins qu’il ne décide de se séparer du joyau de la couronne — la marque The North Face — auquel cas la valeur échapperait aux actionnaires de manière irréversible.  

Les dividendes et les rachats d’actions sont bien sûr mis en suspens. C’est ce qui explique la nouvelle chute du cours du titre observée ces derniers mois. En octobre, Zonebourse alertait justement sur ce scénario dans V.F. Corporation : Curieux optimisme.